«Effondrement» des droits des travailleurs : la France n’échappe pas à la crise mondiale

La Confédération syndicale internationale (CSI) alerte sur un «effondrement» mondial des droits des travailleurs, y compris en France. Son indice 2025 pointe des violations du droit de grève, des atteintes à la négociation collective et des pressions sur les syndicats.
La 12e édition de l’Indice des droits dans le monde de la Confédération syndicale internationale (CSI), publiée le 2 juin 2025, dresse un constat alarmant : les droits des travailleurs sont en « chute libre » à l’échelle mondiale, y compris en France.
📢 JUST LAUNCHED: The 2025 ITUC Global Rights Index 📉#RightsIndex25
— ITUC (@ituc) June 2, 2025
🌍 Workers’ rights are collapsing globally — with only 7 countries scoring top marks out of 151
⚠️ 87% violated the right to strike
🛑 Democracy and labour justice are under attackhttps://t.co/EWMj2WTPK3
Basée sur 97 indicateurs tirés des conventions de l’Organisation internationale du travail (OIT), cette étude évalue 151 pays et révèle une dégradation sans précédent, notamment en Europe et dans les Amériques, qui enregistrent leurs pires scores depuis le lancement de l’indice. Au total, 87 % des pays ont violé le droit de grève et 80 % celui de la négociation collective, des piliers fondamentaux des droits syndicaux.
La situation sociale se détériore en France
En France, malgré une note de 2 sur 5, traduisant des « violations réitérées », la situation se détériore. La CSI dénonce une négociation collective « en état de siège » dans les PME, conséquence des réformes de 2017, avec près de 40 % des conventions collectives imposées unilatéralement par les employeurs, sans représentation syndicale. Plus de 1 000 membres de la CGT ont fait l’objet de poursuites pénales ou de sanctions disciplinaires pour leur participation aux manifestations contre la réforme des retraites. La centrale qui appelle à une mobilisation le 5 juin toujours contre la réforme des retraites avait été particulièrement visée avec quatre de ses grévistes placés en garde à vue par la DGSI en octobre 2022.
Plus généralement, c’est l’accès à la justice des travailleurs qui est pointé du doigt par la CSI avec notamment des délais judiciaires importants et des limites à l’indemnisation des licenciements abusifs, fragilisant les travailleurs.
Seuls sept pays, dont l’Allemagne, la Suède et la Norvège, obtiennent la note maximale de 1, contre 18 il y a dix ans. L’Italie et l’Argentine ont vu leur situation se dégrader en 2025, tandis que le Nigeria rejoint la liste des dix pires pays pour les droits des travailleurs, aux côtés du Bangladesh, de la Biélorussie ou encore de la Birmanie. Des syndicalistes ont été tués en Afrique du Sud, au Cameroun, en Colombie, au Guatemala et au Pérou.
Luc Triangle, secrétaire général de la CSI, prévient : « Si le déclin se poursuit, dans dix ans, aucun pays n’obtiendra la note maximale ». Seuls l’Australie et le Mexique affichent des progrès, grâce à des réformes renforçant les droits syndicaux et l’accès à la justice. La CSI appelle à un « nouveau contrat social » pour garantir des emplois décents, des salaires justes et des droits fondamentaux, face à une montée des politiques régressives et des violences contre les syndicats.