Algérie : réduire les importations de lait français au profit de la production laitière africaine
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L’Ouganda vient d’expédier son tout premier lot de lait en poudre à destination de l’Algérie, dans le cadre d’un accord bilatéral qui devrait stimuler la coopération sud-sud et les échanges agricoles intra-africains, en attendant que l’Algérie puisse atteindre le seuil d’autosuffisance en lait.
L’Ouganda a donné le coup d’envoi de sa toute première exportation de lait en poudre vers l’Algérie dans la journée du 29 mai dernier, dans le cadre d’un accord conclu entre les deux pays. Le président ougandais, Yoweri Kaguta Museveni, a officiellement lancé l’expédition de quatre conteneurs de lait en poudre vers l’Algérie, avec une cargaison inaugurale totale de 500 tonnes qui représente un peu moins du quart de l’envoi global de 2 100 tonnes, pour une valeur estimée à plus de 8 millions de dollars.
Pour l’Algérie, qui importe encore une grande partie de ses besoins en lait, ce nouveau marché s’inscrit dans la politique de diversification de ses sources d’approvisionnement tout en ayant pour ambition d’assurer son autosuffisance en lait, en investissant notamment des sommes importantes pour développer la filière.
Pour sa part, l’Ouganda a tenté de trouver des débouchés pour son lait au Kenya. Ce dernier pays a finalement décidé de rejeter l’accord dans la mesure où il affectait sa production et son marché local de lait. Après de longues discussions, entamées en 2023, et un processus méticuleux d’inspection, le marché algérien pourra désormais être un débouché pour le lait ougandais.
« Achat de lait d’une valeur de 500 millions de dollars »
D’après le journal local Monitor, lors de l’expédition de la cargaison, le président Yoweri Museveni a déclaré : « J’ai rencontré Chérif Oualid, l’ambassadeur d’Algérie en Ouganda. Je suis heureux d’apprendre que l’Algérie est intéressée par l’achat de lait d’une valeur de 500 millions de dollars ».
Évoquant sa visite en Algérie en mars 2023, le chef de l’État ougandais a indiqué qu’il avait discuté, avec le président algérien, Abdelmadjid Tebboune, de l’intérêt de l’Algérie à importer du lait de l’Ouganda. Et de conclure, « je suis donc heureux de voir partir la première cargaison de lait entier en poudre », rapporte la même source.
Réduire la dépendance au marché extra-africain
Les produits laitiers africains représentent un intérêt stratégique pour l’Algérie, explique la presse locale. Avec des dépenses annuelles d’environ 700 millions de dollars pour acquérir des produits laitiers, l’Algérie veut réduire sa dépendance aux importations extra-africaines et notamment françaises, sur fond de crise diplomatique qui bat son plein entre les deux pays. Dans ce contexte, le lait ougandais représente une alternative crédible, compétitive et durable. Le site Algérie 360 explique même que ce choix s’inscrit dans une vision panafricaine pour renforcer les échanges entre les États du continent.
Selon le site d’information TSA, les importations algériennes de lait français étaient évaluées à 190 millions d’euros en 2022, avant de grimper à 266 millions d’euros en 2023, puis de tomber d’un quart en 2024.
La même source cite un rapport de la Cour des comptes, datant de la fin 2024, qui indique que le marché laitier algérien est « dépendant du marché international à hauteur de 60 %. Sans l’informel, il est dépendant à 80 % et si on ajoute les autres intrants importés, ce taux atteindra 85 % ».
À l’échelle nationale, afin de tenter de réduire les importations de poudre de lait, l’Algérie a lancé des projets géants pour la production de lait. La ferme géante comptant 270 000 vaches créée avec la compagnie qatarie Baladna, dans la région d’Adrar, a mobilisé un investissement de 3,5 milliards de dollars pour produire de la poudre de lait, de la viande rouge et du fourrage.
