Élu sur la promesse d’en finir avec les aventures militaires américaines à travers le monde, Donald Trump ne semble pas vouloir se désengager, notamment du dossier iranien, plusieurs médias rapportant une éventuelle intervention américaine directe dans le conflit. Une décision qui pourrait lui coûter son soutien populaire, selon Jacques Frantz.
C’est bien connu, la critique est aisée, mais l’art est difficile. Tant qu’il était dans l’opposition, il était facile pour Trump de critiquer l’administration Obama ou Biden aux affaires pour leur bellicisme et leurs errements aventuristes.
Une fois au pouvoir, il lui faut parfois manger son chapeau. L’extraordinaire mouvement populaire connu sous le nom de « mouvement MAGA » (Make America Great Again) pourrait assez vite se courroucer à force de voir le chef faire des concessions.
Dans l’actualité brûlante, il y a le soutien de Trump (certes avec modération), à l’épopée aventuriste de Netanyahou en Iran. Nous sommes bien d’accord, ce soutien n’est pas nouveau. En outre, on peut supposer que ce soutien relève davantage d'une nécessité que d’une conviction, pour se maintenir au pouvoir. Sauf qu’ayant fait campagne contre les guerres dévastatrices qui n’ont apporté que mort et misère dans le monde, tout en appauvrissant la population américaine dans son ensemble, les partisans qui alimentent les foules énormes des meetings de campagne pourraient bien finir par se lasser – et surtout, par se sentir floués.
D’autant que la politique étrangère de Trump laisse rêveur. Sans dire — il est trop tôt — qu’elle tourne au fiasco, ses coups de menton et ses déclarations contradictoires commencent à fatiguer, non seulement l’opinion, mais aussi les dirigeants du monde.
Parce que la politique étrangère a besoin d’un élément essentiel : la discrétion. En Ukraine, où Trump avait promis de régler la situation en 24 heures, puis en 100 jours, les choses semblent poser des difficultés que le 47e président n’avait pas anticipées.
Certes, il a renoué le dialogue direct avec Poutine, mais c’est surtout parce que ce dernier est patient – comme quelqu’un qui ne déviera pas de ses objectifs. Il est donc temps que le locataire de la Maison Blanche comprenne que la diplomatie est tout sauf une affaire de « grandes gueules ». La situation en Ukraine est complexe, surtout depuis que des acteurs qui n’ont rien à y faire ont mis leur grain de sel.
Sa position étant très fragile, Donald Trump aurait certainement gagné en crédibilité en étant plus discret. Non, la situation en Ukraine n’est pas simple. Et non, le Groenland et le Canada ne sont pas à vendre, ni destinés à appartenir aux États-Unis.
C’est donc peu dire que le président triomphalement réélu, malgré une adversité de tous les instants, est sur le fil du rasoir : d’un côté, s’il est trop timide dans sa politique étrangère, en ne soutenant pas les alliés historiques des États-Unis, il pourrait bien être écrasé par ceux qui le tolèrent au pouvoir. D’un autre côté, en voulant les satisfaire, il risque fort de décevoir le populaire à qui il doit son élection.
Je l’ai dit, l’art de gouverner n’est pas tâche facile. Mais cela, Trump le savait probablement avant d’entrer à la Maison-Blanche.
Les opinions, assertions et points de vue exprimés dans cette section sont le fait de leur auteur et ne peuvent en aucun cas être imputés à RT.