La tentative d’enlèvement d’une mère et de son enfant en pleine rue à Paris le 13 mai sert de révélateur. La violence criminelle explose, le narcobanditisme a pignon sur rue, bref, la France est en voie de «mexicanisation», et cela n’a rien d’étonnant selon l'analyste géopolitique Alexandre Regnaud.
La scène est filmée à Paris et fait le tour des réseaux sociaux, on y voit 3 individus cagoulés et une camionnette, rue Pache. Citons la dépêche AFP : « Nouvelle tentative de kidnapping dans la capitale française. La fille et le petit-fils du PDG d'une société de cryptomonnaies ont échappé mardi 13 mai à un enlèvement en pleine rue à Paris, a appris l'AFP de source policière ». Dans la même veine, à peine quelques jours auparavant, l’enlèvement du père d’un entrepreneur en crypto, le 1er mai, toujours à Paris, qui a eu le doigt coupé pour appuyer une demande de rançon. Comme cela avait déjà été le cas en janvier pour David Balland, lui aussi lié aux cryptomonnaies. Trois crimes similaires en 5 mois, avec des modes opératoires qui étaient jusqu’à présent clairement réservés aux narco-états d’Amérique latine.
Autre scène le 4 mai, sur la chaîne YouTube « Legend ». Gerald Darmanin, ministre de la Justice en exercice et ancien ministre de l’Intérieur, reconnaissait son double échec : « Il n’y a plus de lieux “safe” en France […].Ce qui marque beaucoup les Français, c’est que ça s’est généralisé, métastasé. […] Aujourd’hui, on voit bien que la moindre bourgade de la ruralité connaît la coke (sic), le cannabis… ». Le cancer du narcotrafic qui ronge la France en profondeur, jusque dans nos campagnes, reconnu au plus haut niveau.
Un mois auparavant, en avril 2025, on déplorait 65 attaques en quelques jours contre des prisons françaises, mitraillées et incendiées par les actions coordonnées d’un mystérieux groupe de « Défense des Droits des Prisonniers Français ». D’après le journal Libération, les profils des quelques interpellés sont directement liés au narcobanditisme. Les commanditaires, eux, n’ont pas encore été identifiés, mais les modes opératoires, toujours d’après Libération, relèvent d’une tentative d’intimidation du gouvernement et sont typiques des cartels de la drogue qui sévissent dans les narco-états.
Quasiment un an avant cela, 2 agents pénitentiaires étaient abattus et 3 autres blessés dans l’attaque d’un fourgon pénitentiaire à l’arme de guerre pour libérer le narcotrafiquant Mohamed Amra. Une scène que l’on pensait réservée aux films de grand banditisme.
Quelques jours après ce drame, le 16 mai 2024, une délégation de magistrats mexicains en visite en France alertaient vivement et « appelaient la France à prendre des mesures d'urgence pour ne pas se retrouver d'ici quelques années dans la même situation qu'au Mexique ». Le procureur de Paris avait alors répondu négligemment sur France Info : "Que la France devienne un narco-État, nous n'en sommes pas là". Un an après, même Darmanin, pourtant son ministre de tutelle, semble lui donner tort… les faits sont têtus.
Et puis enfin, suite à la polémique apparue à l’occasion du récent voyage en train de Macron, Starmer et Merz en Ukraine, la porte-parole du ministère des Affaires étrangères de Russie, Maria Zakharova, affirmait sur sa chaîne Telegram qu’un ambassadeur européen lui aurait avoué que la consommation de stupéfiants était monnaie courante dans le monde politique occidental. Ce que n’importe qui ayant côtoyé ce milieu d’assez près peut confirmer tant il s’agit d’un véritable secret de polichinelle.
D’ailleurs, même la très étatique France Info le confirmait dans une enquête publiée le 2 février 2025 : « "La coke fait tenir" : à l'Assemblée nationale, "le tabou" de la consommation de drogue », révélant à l’aide de multiples témoignages l’ampleur du phénomène jusqu’au plus haut niveau de l’État et l’omerta qui l’entoure.
Les modes opératoires des cartels qui s’installent, un ministre aux premières loges qui reconnait l’étendue du problème, des magistrats mexicains qui alertent, une justice dépassée, il ne semble pas si déraisonnable que ça de parler de « mexicanisation » de la France.
Et puis, mouchoir ou pas, cette enquête d’un média public qui confirme qu’au sommet de l’État, des individus achètent des stupéfiants, donc qu’ils participent à la prospérité de leur trafic, et même qu’ils en sont stricto sensu dépendants. Comme on ne mord pas la main qui vous nourrit, on n’éradique pas un trafic dont on a littéralement besoin. Ceci pouvant éventuellement expliquer une partie de cela…
Les opinions, assertions et points de vue exprimés dans cette section sont le fait de leur auteur et ne peuvent en aucun cas être imputés à RT.