Réchauffement climatique: La dengue et le chikungunya s’installent en Europe avec le moustique tigre

Une étude publiée le 15 mai dans Lancet Planetary Health confirme la progression alarmante de maladies tropicales en Europe. En cause: le réchauffement climatique, qui favorise la prolifération du moustique tigre. Des foyers autochtones de dengue et de chikungunya sont déjà apparus en Italie, en France, en Espagne et en Croatie.
Les maladies jusqu’alors confinées aux zones tropicales gagnent du terrain en Europe. La dengue et le chikungunya, deux infections transmises par le moustique tigre, sont désormais considérées comme susceptibles de devenir endémiques dans plusieurs pays européens, selon une étude publiée le 15 mai dans Lancet Planetary Health. Le responsable principal est le réchauffement climatique, qui facilite l’expansion géographique du moustique Aedes albopictus, aussi appelé moustique tigre. Plus la température est élevée, plus son cycle de développement est court et plus le virus se multiplie vite dans son organisme. La zone d’habitat de cet insecte s’étend donc naturellement vers le nord.
Des foyers déjà présents en Europe
Selon l'étude citée par Libération, 304 cas de dengue ont été enregistrés sur le continent rien qu’en 2024, alors qu’on en comptait 275 au total sur les quinze années précédentes. Des foyers autochtones ont été confirmés en Italie, en Croatie, en Espagne et en France, sachant que 95 % des cas sont survenus entre juillet et septembre, avec une forte concentration dans les zones urbaines. Désormais, dans les zones où le moustique est installé, une seule année peut suffire entre deux flambées de cas, « probablement en raison de l’évolution des conditions climatiques », explique l’étude.
Un risque sous-estimé et inégalement surveillé
L’étude, financée par le programme européen Horizon et fondée sur des données du Centre européen de prévention et de contrôle des maladies et de l’OMS, met aussi en avant d'autres facteurs aggravants : l’urbanisation, les déplacements humains et les inégalités de surveillance sanitaire. Les régions avec des dépenses de santé plus élevées détectent plus de cas. Cela révèle une possible sous-estimation du phénomène dans les zones moins équipées. Les chercheurs estiment que chaque degré supplémentaire en été augmente le risque d’épidémie. D’après Reporterre, le risque d’épidémies de dengue et de chikungunya pourrait être cinq fois plus élevé en 2060 qu’entre 1990 et 2024.
Enfin, Santé publique France met en garde contre la propagation par les voyageurs, notamment depuis La Réunion, où une épidémie de chikungunya sévit actuellement. France Bleu indique qu’un simple été chaud pourrait suffire à faire repartir une nouvelle flambée de cas en métropole. Malgré quelques limites méthodologiques, les données montrent une tendance inquiétante : le climat européen devient de plus en plus favorable à ces maladies, autrefois totalement étrangères au continent.