Jusqu’à 17 % des terres agricoles dans le monde polluées aux métaux lourds, selon Science

La revue Science révèle qu’entre 14% et 17% des terres agricoles mondiales présentent des concentrations toxiques d’au moins un métal lourd, comme le cadmium, le plomb ou l’arsenic. En cause : l’activité humaine. Jusqu’à 1,4 milliard de personnes vivraient dans des zones à risque.
Une étude internationale publiée le 17 avril dans la revue Science révèle qu'entre 14 % et 17 % des terres cultivables mondiales présentent des concentrations toxiques d'au moins un métal lourd, tels que l'arsenic, le cadmium, le chrome, le cobalt, le cuivre, le nickel ou le plomb. Cette contamination affecterait jusqu'à 1,4 milliard de personnes vivant dans des zones à haut risque.
Les chercheurs ont analysé près de 800 000 échantillons de sol issus de plus de 1 500 études, en utilisant des modèles d'apprentissage automatique pour cartographier la présence excessive de ces métaux. Les sources de contamination sont à la fois naturelles, comme la géologie locale, et anthropiques, notamment l'utilisation de fertilisants, l'irrigation avec des eaux usées, l'industrie minière et la combustion de charbon.
Certaines régions, comme la Chine, l'Inde et l'Europe, sont particulièrement touchées. En Europe, jusqu'à 28 % des sols présentent une présence excessive de métaux lourds. Le cadmium, en particulier, est préoccupant en raison de sa toxicité et de sa présence dans les fertilisants et les eaux usées.
Cette situation souligne l'impact durable des activités humaines sur les sols et la nécessité d'établir des normes internationales pour évaluer les risques pour la santé humaine et l'environnement.
L’empreinte humaine au cœur de la contamination des sols
L’étude publiée dans la revue Science établit en effet un lien direct entre l’activité humaine et la contamination généralisée des terres agricoles par les métaux lourds.
Si certains éléments métalliques proviennent de sources naturelles, comme la géologie locale, la majorité des polluants identifiés dans les sols agricoles ont une origine anthropique. L’exploitation minière, la combustion du charbon, l’usage de fertilisants contaminés, l’irrigation avec des eaux usées ou encore les rejets industriels sont autant de vecteurs de diffusion de ces éléments toxiques. La mine El Teniente, au Chili — l’un des plus grands sites d’extraction de cuivre au monde — illustre ce phénomène. Comme d’autres sites miniers, elle génère des déchets métalliques susceptibles d’altérer durablement la qualité des sols alentour.
Les auteurs de l’étude soulignent que cette pollution « invisible » affecte la qualité des cultures, met en péril la sécurité alimentaire et menace la santé des personnes vivant dans des zones à risque. Ils appellent à l’instauration de normes internationales harmonisées pour surveiller, prévenir et remédier à cette contamination silencieuse mais étendue.