Il va y avoir une équation très compliquée à résoudre au sein des Républicains, pour répondre aux aspirations de l’électorat populaire par rapport au FN, estime le géopoliticien Cyrille Bret en commentant le résultats du 2nd tour des régionales.
RT France : Que signifie le sursaut de participation au deuxième tour de ces élections régionales ?
Cyrille Bret : Cela ne veut pas dire que les électeurs se sont mobilisés en faveur des sortants ou en faveur d’une alternance républicaine ; cela veut surtout dire que face aux résultats de dimanche dernier, il y a eu un sursaut pour éviter que certaines des régions soient administrées par le Front national. Le taux de participation est donc en augmentation par une mobilisation de crainte dans les partis traditionnels.
RT France : Pourquoi est-ce que le Front national n’a gagné aucune région ?
Cyrille Bret : La cause est assez simple : la force et la faiblesse du FN est le fait de n’avoir aucun allié, parce qu’ils refusent tous les partis traditionnels, et dans une assemblée locale les alliances et les accords de gouvernement sont absolument indispensables. Est-ce que pour autant cette tendance empêchera le Front national de progresser encore aux élections nationales de 2017 ? Sans doute pas, parce que ça va faire en sorte que le Front national n’aura pas à faire la preuve de sa capacité à gérer des collectivités. Donc au final, le Front national va cumuler deux avantages : une très forte popularité traduite dans les urnes avec une absence de contrôle administratif.
RT France : Est-ce que le succès du Front national va influencer la politique du PS et des Républicains ?
Cyrille Bret : Non, ce n’est pas sûr. Notamment, on entend beaucoup chez les Républicains, l’idée selon laquelle courir après le Front national et endosser les mêmes thématiques et les mêmes arguments, ne feraient en fait que renforcer le Front national et non pas les Républicains. Je pense qu’il va y avoir une équation très compliquée à trouver au sein des Républicains, pour faire droit aux aspirations de l’électorat populaire en matière du Front national et le renouvellement de l’offre politique à l’intérieur-même des Républicains, qui sont aussi discrédités par le fait qu’ils ont peiné à renouveler leur tête d’affiche et le retour de Nicolas Sarkozy n’est pas unanimement salué comme positif au sein des Républicains.
RT France : Quelle conséquence ce résultat va-t-il avoir pour le FN à la présidentielle de 2017 ?
Cyrille Bret : C’est évident que dans l’élection de 2017 l’argument «le Front national est exclu des instances de la gestion de la vie quotidienne des Français» sera à juste titre utilisé. Effectivement, le Front national ne gère pas alors qu’il représente un pourcentage considérable des voix agrégées à l’échelon national ; effectivement, le Front national n’a pas les pouvoirs administratifs et politiques qui correspondent à sa surface électorale générale.
RT France : Le FN a-t-il une chance de gagner la présidentielle 2017 ?
Cyrille Bret : Oui et non. Oui, dans la mesure où maintenant cela fait plusieurs échéances électorales de suite que le Front National se situe dans des résultats qui en font un parti appelé nécessairement un jour ou l’autre à gouverner. Et non, dans la mesure où d’ici aux élections nationales il y aura plusieurs éléments déterminants qui vont avoir lieu. Le premier d’entre eux sera la recomposition des partis de droite. La grande inconnue pour savoir si le Front national pourra véritablement se maintenir à ce niveau-là, ça va être la ligne que va adopter le parti Les Républicains. Puisqu’il y a un débat interne, un débat très intense, qui va s’engager dès ce soir pour savoir si les résultats de ce soir sont une victoire ou une défaite pour Nicolas Sarkozy et si l’organisation de primaires à l’intérieur des Républicains est souhaitable, étant donné les difficultés électorales du parti.
Donc, oui, la force de frappe du Front national en matière électorale est encore une fois démontrée ce soir ; non, le Front national ne détient pas toutes les clés de l’élection de 2017, les initiatives que les Républicains vont prendre dans l’année et demie qui les séparent de l’échéance peuvent être absolument déterminantes.
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