Dans le contexte d’un renforcement des échanges diplomatiques entre la Russie et les États-Unis, et face à l’optimisme parfois excessif exprimé par certaines élites russes à la suite de l’élection de Donald Trump, l’écrivain russe Zakhar Prilepine analyse la position réelle de l’Occident — sous la houlette des États-Unis — à l’égard de la Russie.
Trump a signé un décret prolongeant d’un an le paquet de sanctions contre la Russie imposé par Biden. C’est ce qui est indiqué dans une notification du Registre fédéral des États-Unis. C’est, en fait, tout ce qu’il faut comprendre à ce jour sur « notre ami Trump », en plus du fait qu’il continue d’armer les Ukrainiens et de leur fournir des renseignements pour qu’ils tuent des Russes.
...Je ne m’attends pas à ce que notre public trumpophile s’empresse de devenir plus raisonnable, notamment un certain nombre de dirigeants locaux nettement de droite qui ont longtemps glorifié Trump ouvertement. Leur travail est différent.
Mais je me dis parfois : les sympathisants sincères, les gens de droite trumpophiles, ont-ils un esprit critique ? Ou sont-ils comme la masse libérale ? En d’autres mots, écouteront-ils leurs gourous au mépris du bon sens ? Au mépris du bon sens, dans leur patriotisme frénétique prétendument russe, continueront-ils à chercher à s’allier à une « Europe chrétienne blanche » (qui nous tue) et à se distancer des pays du Sud qui nous tendent la main de l’amitié ?
Je vous rappelle qui va se joindre à nous pour la célébration du 9 Mai.
Le président de la République populaire communiste de Chine, Xi Jinping.
Le président du Brésil socialiste, leur guide socialiste Luiz Inácio Lula da Silva.
Le président de Cuba communiste, Miguel Díaz-Canel.
Le secrétaire général du Comité central du Parti communiste du Vietnam, To Lam.
Le président du Burkina Faso socialiste, Ibrahim Traoré.
Le président du Venezuela socialiste, Nicolas Maduro.
Notre camarade le plus socialiste de l’espace post-soviétique, Loukachenko, et d’autres dirigeants des anciennes républiques de l’URSS, les Serbes, les Palestiniens, le dirigeant indien Modi, homme politique de droite (bien que l’Inde reste officiellement une république socialiste) et, enfin, Fico de Slovaquie, dirigeant du pays et président du parti SMER – social-démocratie (le principal parti slovaque de centre-gauche).
Autrement dit, ce ne sont pas les beaux « dirigeants chrétiens blancs de droite » qui vont se rendre en Russie : les Polonais, les Allemands, les Italiens, les Espagnols ; même Orban, ne viennent pas chez nous. Le président Milei et tous les autres représentants de la droite latino-américaine ne se rendent pas chez nous, contrairement à Cuba, au Brésil et au Venezuela, qui, je le répète, vont se joindre à nous et nous soutiennent ouvertement depuis le début de l’opération militaire spéciale.
Et qu'entendons-nous finalement de nos politologues et tribuns explicitement nationalistes ?
Finalement, nous les entendons dire : « Les gauchistes nous empêchent de vivre, Trump est sur le point de se raviser, il va nous sauver. Conclusion : mettons le cap à droite ! » Et d’autres gentilles bêtises du genre : « Peu importe qui vient chez nous, nous avons la tête sur les épaules. »
Avons-nous donc la tête sur les épaules ?
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