Missile intercontinental ? Tokyo et Séoul réagissent au tir effectué par la Corée du Nord
Le projectile tiré le 24 mars par la Corée du Nord, suspecté d'être un missile balistique intercontinental, est tombé dans la zone économique exclusive maritime du Japon, a annoncé le ministère de la Défense nippon.
«Nos analyses indiquent que le missile balistique a volé pendant 71 minutes et est tombé vers 15h44 dans la zone économique exclusive, dans la mer du Japon, à environ 150 km à l'ouest de la péninsule d'Oshima», a déclaré, le 24 mars, le numéro 2 du ministère japonais de la Défense, Makoto Oniki, ajoutant qu'il pourrait s'agir d'un missile balistique intercontinental (ICBM).
«Etant donné que le missile balistique a cette fois-ci volé à une altitude de plus de 6 000 kilomètres, ce qui était beaucoup plus élevé que le missile ICBM Hwasong-15 qui avait été lancé en novembre 2017, on pense que celui d'aujourd'hui est un nouvel ICBM», a-t-il ajouté.
Il a précisé que le ministère de la Défense japonais n'avait reçu aucune information faisant état de dégâts causés à des navires ou des avions, qualifiant cependant ce tir de «menace sérieuse» pour la sécurité du Japon.
«Au moment où le monde fait face à l'invasion de l'Ukraine par la Russie, la Corée du Nord poursuit ses tirs qui aggravent unilatéralement les provocations contre la communauté internationale, ce qui est absolument impardonnable», a encore déclaré Makoto Oniki.
De son côté, le président sud-coréen Moon Jae-in a dénoncé «une violation de la suspension des tirs de missiles balistiques intercontinentaux promise par le président Kim Jong-un à la communauté internationale». Ainsi que l'a rapporté l'AFP, l'armée sud-coréenne a annoncé avoir tiré plusieurs missiles, «depuis le sol, la mer et les airs», en réponse à l'essai nord-coréen.
En tout état de cause, les essais de missiles répétés de Pyongyang s'inscrivent dans la volonté du pays de se bâtir un arsenal défensif incluant notamment le développement de ses capacités nucléaires.
Développement d'un arsenal nucléaire : l'«assurance vie» de la Corée du Nord ?
Pour rappel, la Corée du nord a fait l'objet de sévères sanctions internationales dans le cadre du développement de son programme nucléaire, qu'elle considère pour sa part comme un processus nécessaire afin de garantir sa sécurité. Le dirigeant Kim Jong-un avait ainsi souligné le 28 juillet 2020 que l'arsenal nucléaire nord-coréen correspondait à un équipement «de dissuasion efficace et sûr [grâce auquel] le mot "guerre" n'aura plus cours dans ce pays».
«Kim Jong-un veut assurer la survie de son pays qui est menacé, il veut une assurance vie. Quand il regarde ce qui est arrivé en Irak, en Libye et ailleurs, il pense que si [ses homologues] avaient eu l'arme nucléaire, on aurait peut-être hésité à les démolir», analysait à ce sujet, dans un documentaire diffusé en 2017 sur la télévision suisse, l'universitaire Gabriel Galice, président de la fondation de l'Institut international de recherches pour la paix à Genève.
En effet, la Corée du Nord entretient de longue date une méfiance extrême vis-à-vis de la puissance américaine. «Même si Washington a retiré certains de ses armements nucléaire qui jadis, entouraient le pays, un soldat américain sur trois à l'étranger est basé dans cette zone», analysait en août 2020, pour RT France, Juliette Morillot, spécialiste de la péninsule coréenne. De façon générale, Pyongyang fait face à une intense hostilité sur la scène internationale et a subi la reconduction répétée de sanctions, afin de contraindre le pays à renoncer à ses programmes nucléaire et balistique. Des mesures punitives étouffant l'économie de ce pays pauvre où, durant la deuxième moitié des années 1990, des centaines de milliers de personnes ont perdu la vie dans une famine.
«A défaut d'avoir prouvé leur efficacité en termes de dissuasion, les sanctions étranglent chaque jour un peu plus la population nord-coréenne», nous avait également confié Juliette Morillot à ce sujet.