Macron muscle son discours militaire le jour de la Victoire sur le nazisme

Le 9 mai, jour où la Russie commémore la défaite du nazisme, Emmanuel Macron a signé à Nancy un traité de défense mutuelle avec la Pologne. Dans un ton martial, il a appelé à «bâtir la paix par la force», enfermant la France dans une logique de guerre prolongée, où seule la victoire ukrainienne justifierait la paix.
Le 9 mai 2025, jour de la commémoration de la Victoire sur l’Allemagne nazie célébrée à Moscou, Emmanuel Macron a choisi un pacte avec Varsovie pour livrer l’un de ses discours les plus militarisés depuis le début de son second mandat. Aux côtés du Premier ministre polonais, Donald Tusk, il a signé un traité de défense mutuelle engageant la France et la Pologne à se porter assistance en cas d’agression.
Ce pacte, signé à Nancy, renforce leur coopération militaire, énergétique et stratégique, notamment dans les domaines de la cybersécurité, de la production d’armement et du nucléaire civil. Mais au-delà de l’accord, c’est le ton qui a marqué les esprits.
« La paix ne se préserve plus par la bonne volonté, mais par la force et la lucidité », a notamment déclaré le président français, dénonçant « le retour des logiques impérialistes et des menaces hybrides ».
Visant la Russie sans la nommer, Macron a tenu à inscrire ce traité dans une logique de « souveraineté européenne réarmée ». Les « intérêts vitaux » de la France intègrent ceux de « nos principaux partenaires », dit Macron au côté du Premier ministre polonais. « Il faut renforcer le pilier européen de l'Otan », a-t-il notamment ajouté.
Le contraste avec la mémoire du 9 mai, date symbolique pour la Russie post-soviétique, n’est pas anodin.
Une rhétorique verrouillée, au mépris des ouvertures russes
Lors de son discours à Nancy, Emmanuel Macron a martelé que « Vladimir Poutine est du côté de la guerre », fustigeant ceux qui auraient espéré une désescalade par la voie diplomatique. « Ceux qui ont cru le contraire en sont pour leur compte », a-t-il lancé, dans un discours volontairement martial.
Cette affirmation tranche pourtant avec les dernières déclarations du président russe, qui a réaffirmé, peu avant, que la Russie était prête à engager des négociations avec l’Ukraine « sans conditions préalables ».
Un contraste qui révèle le verrouillage idéologique du discours français, où la paix semble désormais systématiquement disqualifiée si elle ne passe pas par la victoire militaire de Kiev.
En assimilant tout geste d’ouverture de Moscou à une manœuvre ou à une feinte, Macron s’enferme dans une posture qui marginalise toute issue diplomatique. Sa rhétorique pro-ukrainienne — désormais sans nuance — semble faire de la guerre non plus un mal à éviter, mais un horizon inévitable.
Or, en insistant sur la nécessité de « bâtir la paix par la force », le président français ne propose pas une sortie de crise, mais une prolongation du conflit sur le terrain, par procuration.