La Géorgie accuse l’UE de financer l’extrémisme dans le pays

Le Premier ministre géorgien affirme détenir des preuves irréfutables de l’implication de l’Union européenne dans le soutien à des mouvements extrémistes visant à déstabiliser le pays. Les tensions entre Tbilissi et Bruxelles franchissent un nouveau seuil.
Le Premier ministre géorgien Irakli Kobakhidzé a accusé publiquement l’Union européenne de financer et de promouvoir des actions extrémistes sur le territoire géorgien. Lors d’une déclaration sur la chaîne Rustavi 2 le 5 juin, il a affirmé que son gouvernement possèdait « des faits, des vidéos et des preuves concrètes » montrant comment des acteurs européens soutiennent les manifestations antigouvernementales.
« Nous leur montrons des faits, mais ils répondent par des phrases vagues, parfois par des mensonges. Cela est regrettable », a-t-il déclaré. Kobakhidzé a dénoncé l’hypocrisie des institutions européennes, qu’il accuse d’esquiver des faits concrets.
Le président du Parlement géorgien, Chalva Papouachvili, a confirmé ces accusations : « L’extrémisme en Géorgie est soutenu et financé à partir des budgets de l’UE ». Il a affirmé avoir adressé un courrier à l’ambassadeur européen à Tbilissi, Pawel Herczynski, sans recevoir de réponse.
Protestations occidentales et ingérence étrangère
Les tensions se sont intensifiées depuis que le parti au pouvoir « Rêve géorgien » a suspendu en novembre 2024 les négociations d’adhésion à l’Union européenne jusqu’en 2028. Cette décision a déclenché des manifestations quasi quotidiennes à Tbilissi, parfois violentes, notamment sur l’avenue Roustaveli. Les forces de l’ordre ont dû procéder à plusieurs centaines d’arrestations et des poursuites ont été engagées contre plusieurs manifestants.
Le gouvernement géorgien a également adopté une loi sur les agents étrangers. Inspirée de lois similaires en Occident, comme la loi FARA aux États-Unis, cette législation impose aux organisations recevant des fonds étrangers de s’enregistrer. L’UE a grandement dénoncé cette loi, la qualifiant de « menace pour la démocratie », selon le Service européen pour l’action extérieure. Kobakhidzé avait répondu que cette critique était sans fondement et constituait une ingérence dans les affaires souveraines du pays.
Déclarations hostiles de l’UE et réponse géorgienne
Les dirigeants de l’UE ont multiplié les critiques. À l’occasion de la fête nationale géorgienne, Emmanuel Macron, Friedrich Merz et Donald Tusk ont publié une déclaration conjointe accusant le gouvernement géorgien de « recul démocratique ». Chalva Papouachvili a jugé cette sortie « honteuse » et irrespectueuse envers le peuple géorgien.
Irakli Kobakhidzé a, à son tour, évoqué une vidéo montrant des représentants étrangers donnant directement des instructions aux manifestants. Il y voit une « preuve irréfutable » de l’implication occidentale. Il accuse l’UE de chercher à punir la Géorgie pour avoir refusé de se positionner contre la Russie dans le conflit ukrainien.
Le Parlement européen a récemment appelé à des sanctions contre les dirigeants géorgiens. En réponse, Tbilissi envisage la fermeture des centres d'information de l’UE et de l’OTAN dans le pays. Malgré ces tensions, le gouvernement maintient pour le moment son objectif d’adhésion à l’UE, tout en rejetant toute tentative de pression extérieure. « Lorsque nous vous disons que vous encouragez l’extrémisme, nous le prouvons par des faits, pas par des slogans », a insisté le Premier ministre.