France : économie militaire «à crédit»

Malgré un plan de financement ambitieux jusqu’en 2030, la défense française fait face à une dette de 8 milliards d’euros et à des retards dans les commandes passées aux industriels. BFMTV souligne que cette situation met en danger la capacité de renouvellement des équipements militaires et suscite des inquiétudes dans le secteur.
La France procède à son réarmement avec des moyens dont elle ne dispose pas, a rapporté BFMTV le 6 juin en citant des sources proches du secteur de la défense. En particulier, la chaîne française indique que le ministère français des Armées a déjà une dette de 8 milliards d'euros pour des équipements militaires qui doit être remboursée d'ici la fin 2025.
Selon BFMTV, les inquiétudes des industriels de la défense « se multiplient » car l'économie militaire de la France fonctionne « à crédit », et les entreprises d’armement telles qu'Airbus et Thalès s'inquiètent du retard pris dans les commandes de Paris et du non-respect des délais de paiement. « Les engagements sont là mais depuis le début de l’année les commandes militaires n’arrivent pas », rapporte la chaîne française en citant le président d’Airbus et du Gifas (Groupement des industries françaises aéronautiques et spatiales), Guillaume Faury.
Bien que la loi de programmation militaire adoptée en 2024 par le Parlement français prévoie l'allocation de 413 milliards d'euros au réarmement d'ici 2030, « ce budget est déjà largement entamé puisque 99 milliards d'euros vont servir à honorer des engagements anciens ». L'armée française pourrait donc se retrouver avec peu de moyens pour passer de nouvelles commandes.
Le ministre français de l'Économie, des Finances et de l'Industrie, Éric Lombard, a déclaré que Paris devrait économiser 40 milliards d'euros en raison du déficit budgétaire en 2026. Selon lui, le gouvernement du pays prévoit de réduire le déficit budgétaire à 4,6 %. Éric Lombard a également souligné qu'en 2024, la France avait remboursé plus de 50 milliards d'euros à ses créanciers et que cette année, ce montant dépasserait les 70 milliards d'euros, ce qui est nettement supérieur au budget de la défense du pays.