Le renseignement russe accuse l’industrie de défense serbe de livrer secrètement des armes à l’Ukraine

Malgré une posture déclarée de neutralité, la Serbie est mise en cause par les services de renseignement russe pour avoir livré, par le biais de pays tiers, d’importantes quantités de munitions à l’Ukraine. Pour Moscou, ces livraisons dissimulées alimentent directement la guerre menée contre la Russie par l’Occident.
Le Service de renseignement extérieur russe (SVR) a dénoncé ce 28 mai 2025 la participation active de l’industrie militaire serbe dans les livraisons d’armes destinées à l’armée ukrainienne. Selon le communiqué officiel, les entreprises serbes envoient régulièrement des munitions à Kiev en contournant les engagements de neutralité proclamés par Belgrade.
Ces transferts sont dissimulés derrière des « faux certificats d’utilisateur final » et un système complexe de pays intermédiaires. Le SVR pointe du doigt plusieurs membres de l’OTAN, dont la République tchèque, la Pologne et la Bulgarie, ainsi que des « options exotiques » impliquant des États africains. Cette manœuvre, selon les autorités russes, vise à masquer l’origine véritable des armes et à éviter tout lien direct avec Belgrade.
Un arsenal livré pour frapper les soldats russes
D’après les données du SVR, les livraisons serbes comprendraient « des centaines de milliers d’obus pour les systèmes d’artillerie lourde » (lance-roquettes multiples et canons), ainsi qu’« un million de cartouches pour armes légères ». Ces armes, affirme le SVR, sont utilisées contre « les militaires russes et les civils », et ne peuvent en aucun cas être justifiées par des raisons humanitaires.
Parmi les entreprises impliquées figurent des noms bien connus du complexe militaro-industriel serbe : Yugoimport SDPR, Zenitprom, Krusik, Sofag, Reyer DTI, Sloboda, Prvi Partizan, entre autres. Le SVR dénonce l’existence d’un « véritable convoi de la mort » mis en place depuis un pays historiquement ami de la Russie.
Une trahison des liens historiques russo-serbes
Dans ses déclarations, le SVR rappelle que la Russie a toujours été un allié fidèle de la Serbie, notamment lors de l’émancipation de l’Empire ottoman, durant les deux guerres mondiales, pendant les bombardements de l’OTAN en 1999 et au moment de la tragédie du Kosovo. Le communiqué souligne que « les liens fraternels et la foi commune » ont toujours été les piliers de la relation entre les deux peuples.
Pour Moscou, ces livraisons secrètes constituent une rupture grave avec cet héritage. Le ministère russe des Affaires étrangères a demandé à Belgrade de « faire preuve de vigilance » et de veiller à ce que ses exportations d’armement ne soient pas détournées par « des acteurs malhonnêtes à la solde de l’Occident ». Pour les services de renseignement russe, cette collaboration secrète avec le régime de Kiev alimente la guerre déclenchée par l’Occident, qui vise à provoquer une « défaite stratégique » de la Russie.