À Niamey, les prémices d’un dégel entre le Nigeria et le Niger

En visite à Niamey ce 16 avril, le chef de la diplomatie nigériane Yusuf Tuggar tente de renouer les liens avec le Niger, après plusieurs mois de tensions. Portant un message du président Tinubu, cette mission pourrait marquer un pas vers le dégel entre deux voisins longtemps en froid.

Les autorités du Niger et du Nigeria montrent des signes de calme : après des mois de tensions, le Nigeria tente une percée diplomatique à Niamey. Ce 16 avril, le ministre nigérian des Affaires étrangères, Yusuf Maitama Tuggar, est arrivé dans la capitale nigérienne, porteur d’un message spécial du président Bola Ahmed Tinubu au général Abdourahamane Tiani, chef de l’État nigérien.

La délégation conduite par Tuggar, composée de diplomates de haut rang et de conseillers en sécurité, s’inscrit dans une volonté claire de relancer les canaux de dialogue et d’aplanir les différends. Côté nigérien, l’accueil réservé à cette mission laisse entrevoir une ouverture, même si aucune déclaration officielle sur une rencontre directe avec le général Tiani n’avait encore été publiée en milieu d’après-midi.

Cette visite pourrait marquer un tournant décisif dans les relations entre les deux voisins, longtemps tendues depuis la prise de pouvoir du gouvernement du général Tiani lors du coup d'État du 26 juillet 2023. Une première initiative en ce sens avait été observée début mars, lorsque le chef de la diplomatie nigérienne, Bakary Yaou Sangaré, a reçu l’ambassadeur du Nigéria à Niamey, Mohammed Sani Usman.

Nouvelle réalité régionale

Selon les médias et les observateurs locaux, la démarche du Nigéria intervient dans un contexte régional marqué par le retrait du Niger, du Mali et du Burkina Faso de la Cédéao — une organisation que ces pays accusent d’ingérence et de soumission aux agendas occidentaux. Pour Abuja, qui a longtemps porté le leadership dans la sous-région, ce retrait constitue un défi stratégique.

Réconcilier les divergences avec Niamey devient donc une priorité, d’autant plus que les deux pays partagent une longue frontière poreuse, unis par des enjeux communs : sécurité transfrontalière, commerce, lutte contre les groupes armés, mais aussi développement économique.

Le coup d’État souverainiste du général Tiani avait provoqué la rupture des relations, avec l’expulsion d’ambassadeurs, la fermeture des frontières et des sanctions économiques imposées par la Cédéao à l’initiative du Nigeria. Mais cette stratégie d’isolement a montré ses limites, selon les observateurs.

La mission de Yusuf Tuggar serait donc porteuse d’un double enjeu : restaurer la confiance bilatérale et repenser la posture diplomatique du Nigeria dans une région où la confédération naissante de l’AES (regroupant le Niger, le Mali et le Burkina Faso) s’impose comme une nouvelle réalité et joue désormais un rôle important.

Il s’agira surtout, dans les jours à venir, de voir si cette tentative de rapprochement se traduit par des engagements concrets. Une main tendue ne suffit pas : il faudra bâtir une nouvelle architecture de coopération, débarrassée des réflexes punitifs, fondée sur le respect mutuel et l’écoute.