Accusations d’espionnage : Chisinau expulse un diplomate russe, Moscou promet de répondre
Le ministère moldave des Affaires étrangères a convoqué ce 1er août l’ambassadeur de Russie à Chisinau et déclaré persona non grata son attaché militaire adjoint à la suite d’accusations d’espionnage. La diplomatie russe a promis une «réponse appropriée».
«La Russie apportera une réponse appropriée» a déclaré ce 1er août la diplomatie russe à l’agence RIA Novosti. Cette déclaration vient en réaction à la décision du ministère moldave des Affaires étrangères de déclarer persona non grata l’attaché militaire adjoint de l’ambassade de Russie à Chisinau.
Une décision prise suite à l’obtention d’«informations et de preuves attestant de la conduite sur le territoire de la République de Moldavie […] d'activités incompatibles avec le statut diplomatique», a affirmé sur sa chaîne Telegram la diplomatie moldave.
«Nous avons été informés que l'un des employés de l'ambassade avait été déclaré persona non grata», avait confié aux journalistes, peu avant, l’ambassadeur de Russie en Moldavie, Oleg Vasnetsov, à sa sortie du ministère des Affaires étrangères moldave où il avait été convoqué. Le diplomate russe, cité par des médias moldaves, a dénoncé «des actions inamicales» de la part de la Chisinau alors même que «les preuves n'ont pas été réunies».
Dans un communiqué publié sur sa chaîne Telegram, l’ambassade de Russie a estimé que cette «mesure inamicale», prise «sans aucune justification claire» à l’encontre d’un de ses employés était «une nouvelle manifestation de la politique agressive antirusse des dirigeants moldaves actuels».
«L’intensification des sentiments russophobes, la fabrication et la promotion d’"histoires d’espionnage" indiquent que les autorités de Chisinau ont perdu la capacité de prendre des mesures adéquates et de comprendre l’importance durable des relations entre la Russie et la Moldavie pour les peuples des deux États», a ajouté la représentation diplomatique.
Le 31 juillet, les autorités moldaves avaient annoncé l’arrestation de deux fonctionnaires du Parlement et de la police des frontières pour «trahison et complot» contre le pays. Dans son communiqué, le Bureau du procureur pour la lutte contre le crime organisé et les affaires spéciales (PCCOCS) a évoqué leur «communication avec un employé d'une ambassade à Chisinau», sans préciser laquelle.
Nouvelle passe d’armes entre Chisinau et Moscou
D’après la même source, les deux individus, placés 72 heures en détention, sont soupçonnés d’avoir transmis à cet employé «des informations destinées à être utilisées contre les intérêts de la République de Moldavie».
Dans la foulée, l’antenne moldave de Radio Free Europe/Radio Liberty, média multilingue financé par Washington, citant des sources au sein du Service de renseignement et de sécurité (SIS), a affirmé que l’ambassade incriminée était celle de Russie.
Les relations entre Moscou et Chisinau se sont considérablement dégradées depuis l’élection en 2020 à la tête du pays de la libérale et pro-européenne Maia Sandu. Interrogée à la télévision, la présidente moldave a appelé à «punir de la manière la plus sévère» les auteurs de cette affaire supposée.
Depuis l’éclatement du conflit en Ukraine, Chisinau s’est joint aux sanctions antirusses imposées depuis mars 2014 par l'Union européenne et a suspendu la diffusion de plusieurs chaînes de télévision russophones.
La Moldavie a également sollicité son adhésion à l’Union européenne. Le statut de candidat lui a été accordé par le Conseil européen quelques mois plus tard, le 23 juin 2022, en même temps qu'à l’Ukraine.