France : actions symboliques de musulmans en soutien aux chrétiens après l'attentat de Nice
Depuis l'attentat de Nice, plusieurs actions symboliques ont été réalisées par des musulmans en France, entre participation à la messe de la Toussaint et protection symbolique d'églises.
Participation à la messe de la Toussaint, dépôts de gerbes de fleurs devant des lieux de culte catholiques ou rassemblements spontanés visant à protéger des églises : plusieurs actions symboliques ont été réalisées par des citoyens français de confession musulmane à travers la France, après l'attentat au couteau dans la basilique Notre-Dame de l'Assomption à Nice, qui a fait trois morts. Dans un contexte de vives tensions entre la France et le monde musulman, ils ont souhaité se désolidariser des terroristes islamistes ou encore exprimer leur soutien à la communauté catholique.
A Toulouse, des imams participent à une messe de la Toussaint
Ce 1er novembre, plusieurs imams et leur famille ont ainsi participé à la messe de la Toussaint dans l'église du Saint-Esprit de Bagatelle, située dans un quartier populaire de Toulouse (Haute-Garonne). «Ces gens sans esprit ni raison veulent faire une autre interprétation [du Coran]. Nous la récusons fermement», a déclaré au côté du curé de l'église l'un des imams de la mosquée Al-Rahma, Lahouary Siali, située dans le même quartier toulousain, selon des propos rapportés par l'AFP.
Nous n'avons mandaté personne, n'avons donné aucune procuration à quiconque pour parler à notre place. Au nom de quelle philosophie, de quelle spiritualité, tu viens ôter la vie à des gens innocents ?
Devant des fidèles catholiques, Lahouary Siali a prononcé une prière en arabe et affirmé que les musulmans étaient «les premières et les principales victimes de ces gens-là». Et de s'indigner : «Nous n'avons mandaté personne, n'avons donné aucune procuration à quiconque pour parler à notre place. Au nom de quelle philosophie, de quelle spiritualité, tu viens ôter la vie à des gens innocents ?» «Nous ne nous reconnaissons pas dans ce genre de méfaits», a-t-il ajouté, condamnant «toutes sortes de violences, qui ne règlent rien et engendrent encore plus de violence».
Moi, quand on caricature le Christ, je suis blessé, mais on ne va pas tuer ou interdire la liberté d'expression pour ça
Pour le curé de cette église, le père Gérard Hall, la présence des imams à cette messe était «importante», dans la continuité des actions interreligieuses du quartier, selon des propos rapportés par l'AFP. Au moment du premier confinement de mi-mars à début mai, fait-il savoir, «la paroisse, les deux mosquées et l'église baptiste ont monté ensemble une banque alimentaire». Gérard Hall comprend que les caricatures «puissent blesser les gens». Et de continuer : «Moi, quand on caricature le Christ, je suis blessé, mais on ne va pas tuer ou interdire la liberté d'expression pour ça».
Dépôts de fleurs à Besançon pour «exprimer la tristesse des musulmans»
Une autre action symbolique s'est déroulée ce 1er novembre à Besançon (Doubs). En hommage aux victimes de la tuerie de Nice, les responsables des mosquées de la ville franc-comtoise ont déposé une gerbe de fleurs devant la cathédrale Saint-Jean vers 19h, juste après la messe de 18h15, selon L'Est Républicain.
«Ils seront accompagnés par un certain nombre de fidèles jeunes et moins jeunes pour ce geste symbolique», a fait savoir le président du Centre culturel islamique de Franche-Comté (CCIFC), Khalid Jarmouni, cité par la même source.
Cette démarche a pour but d'«exprimer la tristesse des musulmans, leur consternation et tout leur soutien à la communauté catholique suite à la tuerie perpétrée dans la basilique Notre-Dame à Nice. Elle a aussi comme but de transmettre un message de paix et de fraternité à nos frères chrétiens et à toute la communauté nationale», poursuit le président du CCIFC, qui sera accompagné pour l'occasion des représentants des mosquées bisontines de Fontaine Ecu, Es Sunna de Saint-Claude, Al-Fath d'Avanne-Aveney, Mimarsinan de Châteaufarine et de l'Association turque française de Planoise.
Une vingtaine de musulmans protègent une cathédrale dans l'Hérault
Le 29 octobre au soir à Lodève (Hérault), une vingtaine de jeunes musulmans se sont par ailleurs rassemblés devant la cathédrale Saint-Fulcran. «Nous venons symboliquement protéger la cathédrale. On nous reproche beaucoup de choses, notamment de ne pas réagir quand il se passe des attentats, on se fait insulter sur les réseaux sociaux», explique le président du club de football de l'AS Lodève Clermontais, Elyazid Benferhat, à l'origine de cette initiative, cité par Midi-Libre.
Nous ne sommes pas assez, ou mal représentés dans les médias, sur les plateaux télés où beaucoup de gens parlent à notre place
«Nous ne sommes pas assez, ou mal représentés dans les médias, sur les plateaux télés où beaucoup de gens parlent à notre place», estime-t-il avant d'insister : «Nous on est français, on est nés et on a grandi à Lodève, une ville où les communautés vivent ensemble, il y a une cathédrale, une mosquée et jamais de problème entre les religions.»
«Marre de ces atrocités, marre de ce climat ambiant, marre de cette hypocrisie. Où est passée ma douce France, celle de la liberté, de l'égalité et de la fraternité. Elle a malheureusement laissé la place à la lâcheté, l'hypocrisie, la méchanceté et surtout la haine. Entre la bêtise de certains de ma communauté, l'incompétence des dirigeants et la lâcheté de certains internautes qui propagent la haine et la division, mon pays va mal, très mal...», a écrit Elyazid Benferhat sur son compte Facebook.
Précisant qu'aucune association ni parti politique ne se cache derrière ce message, il appelle les jeunes musulmans à se mobiliser pour protéger tous les lieux de culte.