La relation complexe entre Emmanuel Macron et le pape François

Les deux hommes se sont rencontrés à six reprises depuis 2018. Ils partagent une éducation jésuite et ont souvent trouvé des accords sur des sujets importants. Néanmoins, le pape a regretté les positions de Macron sur l'immigration, sur son soutien à une loi sur la fin de vie et sur la PMA pour toutes.
La relation entre Emmanuel Macron et le pape François, marquée par une cordialité apparente mais teintée de tensions sous-jacentes, illustre les dynamiques complexes entre la laïcité française et l’influence spirituelle du Vatican.
De 2018 à la mort du pape le 21 avril 2025, les deux hommes se sont rencontrés six fois – à Rome en 2018, 2021 et 2022, à Marseille en 2023, à Bari et à Ajaccio en 2024 – et ont échangé régulièrement par téléphone, notamment lors de crises comme l’incendie de Notre-Dame, le Covid ou les tensions au Liban.
Le pape préférait Marseille à Paris
Leur proximité, renforcée par une éducation jésuite commune, se traduisait par des gestes chaleureux, comme le tutoiement, inhabituel dans les échanges protocolaires. Pourtant, des divergences ont persisté. Le pape François, attaché à la tradition intellectuelle française liée à son encrage historique avec le catholicisme, s’est montré critique des avancées sociétales sous Macron, notamment la PMA pour toutes et la ligne ferme sur l’immigration.
Sa réticence à visiter Paris, préférant Marseille et la Corse, reflète une volonté d’éviter une récupération politique, notamment lors de la réouverture de Notre-Dame en 2024, qu’il déclina malgré les invitations pressantes de Macron.
« L’insistance pour que François vienne à Paris a été mal perçue à Rome », note l’historien Martin Dumont. Ce refus a alimenté les spéculations sur une relation « souriante mais distante ». Le président français, de son côté, a cherché à instrumentaliser cette proximité pour des raisons diplomatiques et électorales, offrant en 2018 une édition italienne du Journal d’un curé de campagne de Bernanos au pape.
Mais ses positions, notamment le soutien à une loi sur la fin de vie, ont créé des frictions avec l’Église. À la mort de François, Macron a salué un homme « aux côtés des plus vulnérables », adressant ses condoléances depuis Mayotte. Cette relation, cordiale mais marquée par des incompréhensions, incarne le défi de la conciliation entre laïcité et dialogue interreligieux.