Tunisie – Affaire du complot contre l’État : le philosophe français Bernard-Henri Lévy parmi les quarante condamnés

La chambre criminelle spécialisée dans les affaires de terrorisme en Tunisie a prononcé, le 20 avril, des peines allant de 4 à 66 ans de prison à l’encontre de 40 personnes accusées dans le cadre de l’affaire dite de «complot contre la sûreté de l’État».
La chambre criminelle spécialisée dans les affaires de terrorisme en Tunisie a rendu son verdict, le 20 avril, dans l’affaire dite du « complot contre la sûreté de l’État ». Quarante accusés ont été condamnés à des peines allant de 4 à 66 ans de prison, rapportent des médias tunisiens.
Parmi les condamnés, figure le philosophe français Bernard-Henri Lévy, jugé par contumace et condamné à une peine de 33 ans de prison. Selon certains médias français, ces poursuites seraient liées à des soupçons de soutien à des actions de lobbying en faveur de la reconnaissance d'Israël, ainsi qu’à des allégations non confirmées concernant une implication dans des perturbations de la production de phosphate en Tunisie.
Toutefois, aucune preuve n’a été rendue publique pour étayer ces accusations, et la justice tunisienne n’a fait aucune déclaration officielle sur ces faits.
Parmi les autres condamnés figurent des personnalités tunisiennes, comme l’homme d’affaires Kamel Eltaïef, l'ex-ministre de la Justice Noureddine Bhiri et le militant politique Khayam Turki. Les accusés ont été reconnus coupables de divers chefs d'accusation, notamment complot contre la sûreté de l’État, constitution d’une entité terroriste, attentats visant à modifier la forme du gouvernement ou inciter à la guerre civile, ainsi que de troubles, meurtres, pillages, atteintes à la sécurité alimentaire et à l’environnement en lien avec des actes terroristes.
Il convient de noter que ni les autorités judiciaires ni les autorités exécutives tunisiennes n’ont pris publiquement la parole concernant ce verdict.
Ce procès s’inscrit dans un climat de tensions croissantes depuis les mesures exceptionnelles prises par le président Kaïs Saïed en juillet 2021. Depuis cette date, il a suspendu puis dissous le Parlement, dissous le Conseil supérieur de la magistrature, gouverné par décrets-lois, organisé un référendum constitutionnel, puis convoqué des élections législatives anticipées. Réélu en octobre 2024 pour un second mandat de cinq ans, Kaïs Saïed affirme que ses mesures visent à « protéger l’État face à un péril imminent, tout en garantissant le respect des libertés fondamentales ».