«Une République de l’infantilisation» : la ministre Aurore Bergé tourne le dos au barrage républicain

«Une République de l’infantilisation» : la ministre Aurore Bergé tourne le dos au barrage républicain© Wiki commons
Aurore Bergé à l'Assemblée nationale lors du prix du trombinoscope en 2023.
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Dans une interview accordée au journal l’Express, Aurore Bergé critique la stratégie du «front républicain» prônée par Gabriel Attal lors des législatives, estimant qu’elle infantilise les Français et limite leur liberté de choix.

Huit mois après des élections législatives qui ont donné naissance à une Assemblée nationale morcelée, Aurore Bergé ne décolère pas. Dans une interview accordée à l’Express et publiée le 3 mars, la ministre déléguée à l’Égalité entre les femmes et les hommes revient sur la stratégie adoptée par son camp entre les deux tours, celle dite du «barrage républicain». Face à la menace d’une majorité absolue du Rassemblement national (RN) au Palais Bourbon, Gabriel Attal, alors premier ministre, avait appelé à un «front républicain» pour contrer le parti de Marine Le Pen, quitte à soutenir des candidats de La France insoumise (LFI) dans certaines circonscriptions. Une démarche que la ministre juge aujourd’hui inadaptée et contre-productive.

 

Les «désistements systématiques» des macronistes ont «rétréci» le débat démocratique.

 

Pour Aurore Bergé, le «front républicain» n’a de sens que dans un contexte précis, comme celui de la présidentielle de 2002. «Celui qui naît le 21 avril 2002 au soir est limpide. Il y a deux candidats et un choix binaire entre Jacques Chirac et Jean-Marie Le Pen», explique-t-elle. Mais lors des législatives, où les électeurs doivent départager jusqu’à trois candidats dans de nombreuses triangulaires, cette logique ne tient plus. Les «désistements systématiques» des macronistes en faveur de la gauche pour barrer la route au RN ont, selon elle, «rétréci» le débat démocratique. «Les Français sont suffisamment grands pour faire la différence entre, non pas deux, mais trois candidats», assène-t-elle.

Sans nommer directement Gabriel Attal, la ministre fustige une approche qu’elle qualifie d’«infantilisante». «Je crois à une République du respect, pas à celle où les politiques donnent des leçons», déclare-t-elle. Soutenant la dissolution décidée par Emmanuel Macron – un choix censé «purger la question du RN» –, elle regrette que les électeurs n’aient pas eu «une liberté totale de choix et de vote». Sa critique atteint son paroxysme lorsqu’elle évoque les consignes de voter LFI pour contrer le RN : «Comment peut-on penser qu’on combat le RN en mettant un bulletin LFI dans l’urne ?», lance-t-elle, ajoutant que cette position n’a «jamais été» la sienne et ne le sera «jamais».

Cette prise de position d’Aurore Bergé révèle des divergences au sein du camp macroniste sur la manière d’affronter le RN. Un débat qui, à l’approche des prochaines échéances, risque de resurgir notamment entre l’aile gauche du parti incarné par d’anciens socialistes comme Gabriel Attal et Elisabeth Borne et l’aile droite avec des personnalités venues des Républicains comme Gérald Darmanin ou Aurore Bergé.

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