La DGSI met en garde contre «la répression transnationale» et le «sabotage en France»
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Dans deux alertes publiées en 2025, la DGSI dénonce l’essor de la répression transnationale par des États étrangers visant leurs opposants en France et évoque des menaces hybrides croissantes en dénonçant les habituels boucs émissaires.
Dans un contexte de tensions géopolitiques accrues, la Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI) a publié en mars 2025 deux alertes majeures sur son site, signalant des menaces «hybrides» qui pèsent sur la France. La première, diffusée en cinq langues (français, anglais, chinois, russe et arabe), porte sur «la lutte contre la répression transnationale», tandis que la seconde met en lumière «la déstabilisation de l’activité d’entreprises ou de laboratoires par des actes de sabotage». Ces publications, inhabituelles par leur caractère public, visent à sensibiliser les citoyens et concernent toujours les mêmes cibles aux premiers rangs desquels la Russie et la Chine.
La répression transnationale, définie comme des opérations hostiles d’États étrangers contre leurs ressortissants en France, prend des formes variées et inquiétantes. La DGSI recense un arsenal de méthodes : surveillance de manifestations, cyberattaques, intimidations, pressions sur les familles restées au pays, campagnes de désinformation, confiscation de documents, voire assassinats.
Quatre cas anonymisés illustrent cette escalade :
- Un manifestant reçoit des SMS menaçants accompagnés de sa photo ;
- une femme est sommée par ses parents, sous pression policière, de rentrer au pays ;
- une étudiante voit son passeport retenu par son ambassade ;
- un blogueur est victime de chantage après un piratage.
«Ces ingérences constituent des atteintes à la souveraineté de la France», soulignait Céline Berthon, directrice de la DGSI, dans Le Point le 23 janvier 2025, qualifiant la menace de «sérieuse».
Les boucs émissaires de Paris au rendez-vous
Les États implicitement visés sont, sans surprise, la Russie et la Chine. S’ajoute également l’Azerbaïdjan, qui est pourtant un partenaire de Paris et de Bruxelles et avec lequel l’Union européenne a accru ses échanges depuis le déclenchement de l’opération militaire spéciale russe en Ukraine.
Les documents publiés par la DGSI ne s’embarrassent pas de nuances et évoquent même une Russie qui serait «fidèle aux méthodes du KGB». Une semaine après l’attaque du consulat de Russie à Marseille par deux chercheurs du CNRS, de telles accusations peuvent apparaître pour le moins étonnantes.
La Chine, elle, est accusée par les services français d’avoir tenté d’opérer un rapatriement forcé d’un «dissident» en mars 2024.
Ces allégations sont avancées en se basant sur des documents publiés par l’ONG Human Rights Watch en février 2024. Cette organisation bénéficie largement de financements publics des États-Unis, mais aussi de l’Open Society du milliardaire George Soros.
Parallèlement, l’alerte sur le sabotage économique met en garde contre des actes visant des entreprises et des laboratoires stratégiques. Trois exemples concrets sont cités : une intrusion suivie d’un incendie dans une usine sensible, une coupure électrique ciblant une zone industrielle, et la destruction nocturne de recherches médicales dans un laboratoire. Ces opérations, parfois menées par des employés ou des agents externes, peuvent servir des intérêts concurrents ou étrangers, voire des motivations idéologiques. Aucune responsabilité d’un des États précités n’a cependant pu être établie dans ces opérations.
Ces alertes semblent refléter une volonté de la DGSI de renforcer la vigilance collective face à des menaces qui mêlent espionnage, répression et déstabilisation économique. En exposant ces phénomènes, elle appelle témoins et victimes à se signaler via une adresse dédiée, dans un contexte géopolitique incertain où les pays d’Europe occidentale ont perdu leur influence.