Coopération russo-congolaise, conflit dans l'Est, survivances du colonialisme – en marge du forum économique de Saint-Pétersbourg, Jean-Pierre Kiwakana Kimayala, président du Conseil économique et social de la RDC, s’est confié au correspondant de RT en français, Igor Kourachenko.
Le président du Conseil ne cache pas son enthousiasme : la participation de la RDC au Forum de Saint-Pétersbourg s’inscrit dans une dynamique de coopération déjà bien établie entre les deux pays. L’événement lui-même, il le juge « extrêmement important » et souligne une bonne organisation : « Il faut féliciter ceux qui l’ont organisé parce que ce n’est pas facile. »
Impressionné par les stands technologiques, il salue l’avance scientifique de la Russie. Une seule suggestion : accorder plus de place aux débats, aux échanges d’idées entre participants. Le format actuel, trop axé sur les déclarations, mériterait d’évoluer, selon lui.
Russie–RDC : un partenariat « excellent »
La présence de la RDC à Saint-Pétersbourg est la meilleure preuve d’une relation « excellente ». En tête de cette coopération, l’éducation : les étudiants congolais continuent d’être nombreux à se former en Russie, notamment dans les domaines techniques : « Il y a beaucoup d’étudiants congolais ici, en Russie. […] Je plaide pour qu’il y ait une place pour les étudiants qui veulent faire les sciences, la technique. »
Mais d’où vient cet intérêt pour l’enseignement russe ? Jean-Pierre Kiwakana Kimayala répond ainsi : « La Russie a énormément à nous apprendre. […] Nous avons besoin de scientifiques qui soient capables de suivre les cours de l’histoire. »
Un rejet de la France en Afrique
L’analyse de l’interviewé est tranchante : la pauvreté du continent n’est pas naturelle, elle est organisée. « Cette Afrique-là n’est pas pauvre, mais on l’appauvrit. […] C’est la loi du plus fort qui maintient les plus faibles dans l’état de colonisé », a déclaré le chef du Conseil économique et social de la RDC.
Il dénonce une véritable « esclavagisation de l’économie », dans laquelle les anciennes puissances coloniales continuent d’exercer une emprise à travers les multinationales, les dettes et l’ingérence.
Le recul français en Afrique ? Ce n’est pas un simple recul, mais un rejet pur : « D’abord, le recul, ce n’est plus un secret pour personne. Moi, je dirais plutôt le rejet de la politique française en Afrique. »
À l’Est, un conflit alimenté de l’extérieur
Pourquoi l’insécurité persiste-t-elle à l’Est du Congo ? Jean-Pierre Kiwakana Kimayala pointe une guerre d’intérêts : « Pourquoi crée-t-on l’insécurité ? C’est pour empêcher l’économie de fonctionner. »
À son avis, le président de la RDC cherche à sortir le pays de cette spirale de violences par la voie diplomatique. Alors que les multinationales, elles, auraient un intérêt inverse : faire en sorte que le conflit perdure. « Ça fait plus de 20 ans qu’il y a eu des millions de morts […] Tout ça pour des matières premières », a expliqué Jean-Pierre Kiwakana Kimayala.
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