Candidature à l'UE : Kiev ne doit pas «se faire d'illusions», avertit le Premier ministre albanais
Le chef du gouvernement albanais, Edi Rama, a relativisé la portée du statut de candidat à l'UE que s'apprêtent à accorder à l'Ukraine les dirigeants européens réunis à Bruxelles ce 23 juin, rappelant la lenteur du processus.
Le Premier ministre albanais Edi Rama a conseillé le 22 juin aux Ukrainiens de ne «pas se faire d'illusions» sur le statut de candidat accordé par l'Union européenne, soulignant la longueur du processus d'adhésion alors que les Vingt-Sept doivent décider d'accorder ou non le statut de candidat à l'adhésion à l'Ukraine et à la Moldavie.
«La Macédoine du Nord est candidate depuis dix-sept ans, si je n'ai pas perdu le compte, et l'Albanie depuis huit ans, alors bienvenue à l'Ukraine», a-t-il ironisé à son arrivée à Bruxelles à une réunion avec les dirigeants de l'UE. «C'est une bonne chose de donner le statut à l'Ukraine. Mais j'espère que le peuple ukrainien ne se fera pas beaucoup d'illusions», a ajouté Edi Rama.
Se voulant plus optimiste, le président du Conseil européen Charles Michel a quant à lui estimé que le sommet du 23 juin était «un moment historique» sur le plan géopolitique. «Un choix doit être fait aujourd’hui qui va engager le futur de l’Union européenne, notre stabilité, notre sécurité, notre prospérité», a-t-il déclaré lors de son arrivée. Comme le souligne La Croix, «Kiev a toutes ses chances d’obtenir le statut de candidat», les pays les plus réticents (Pays-Bas, Danemark, Portugal) s'étant ralliés à cette perspective – qui doit être validée à l'unanimité – sous la pression de Paris, de Berlin et de Rome. Le quotidien rappelle également que le statut de candidat a déjà été accordé à cinq pays «sans avancée majeure» : Turquie (1999, un processus aujourd’hui gelé), Macédoine du Nord (2005), Monténégro (2010), Serbie (2012) et Albanie (2014).
Après le feu vert donné le 17 juin à l'octroi du statut de candidate à l’UE par la Commission européenne, le président russe Vladimir Poutine a assuré que Moscou n’avait «rien contre» une intégration de l'Ukraine à l'UE, dans la mesure où la conclusion d'une union, sur le plan économique, constituait «une décision souveraine» pour tout Etat. S'interrogeant cependant sur l'utilité d'une telle intégration, tant pour l'UE que pour l'Ukraine, il a rappelé précisément l'opposition de la Russie à ce que son voisin devienne une «zone militaire», car cela représenterait une menace pour la sécurité russe. C'est notamment au nom de la «démilitarisation» et de la «dénazification» de l'Ukraine que la Russie a lancé, fin février, une opération militaire dans ce pays.