La Suisse neutre est prête à une coopération plus étroite avec l’OTAN

Martin Pfister, le nouveau ministre suisse de la Défense, qui prendra ses fonctions le 1er avril, entend collaborer plus étroitement avec l'OTAN, selon le Financial Times. D'ici 2032, le gouvernement espère augmenter les dépenses militaires de ce pays neutre jusqu’à 1% du PIB.
Le nouveau ministre suisse de la Défense, Martin Pfister, qui prendra ses fonctions le 1er avril, estime que la coopération et les exercices conjoints avec l'OTAN, dont la Suisse n'est pas membre, sont «absolument nécessaires», a rapporté le journal britannique The Financial Times. Selon le quotidien britannique, cette position pourrait être liée aux déclarations du président américain Donald Trump de revoir les garanties américaines au sein de l'Alliance de l'Atlantique Nord.
Selon le Département suisse fédérale de la défense, de la protection de la population et des sports, la Suisse aurait également l'intention de porter le niveau des dépenses de défense à 1 % du PIB d'ici 2032, contre environ 0,7 % ces dernières années. Notamment pour 2025, le Conseil fédéral et le Parlement prévoient un budget de 6,3 milliards de francs pour l'armée. Bien que ce chiffre soit bien inférieur à celui d'autres pays européens qui prévoient d'augmenter leur objectif de dépenses de défense de 2 % à 3 ou 3,5 %, pour un pays qui prône la «neutralité armée perpétuelle», une telle augmentation du budget militaire serait significative.
En janvier dernier, le Conseil européen a approuvé la demande d'adhésion de la Suisse au projet «Military Mobility» (mobilité militaire) dans le cadre du programme de Coopération structurée permanente (PESCO), qui avait été déposée en septembre dernier. L'objectif de ce projet est de faciliter la circulation du matériel militaire et des troupes à travers l'Europe sans retard aux frontières, raison pour laquelle l'UE appelle également l'initiative «Schengen militaire».
En 2024, la Suisse était également intéressée par la «Cyber Ranges Federation» (Fédération des cyber-ranges), un projet supervisé par l'Estonie qui vise à renforcer la coopération internationale en matière de cyber-sécurité. L'Ukraine souhaitait y participer également.
Le rapport 2024 sur le renforcement de la capacité de défense de l'armée suisse et l'approfondissement de la coopération internationale a noté que, dans le contexte du conflit en Ukraine, la Suisse souhaite renforcer la coopération internationale en matière de sécurité avec ses partenaires de l'UE et de l'OTAN. Les auteurs du document soulignent que la Suisse, en tant que pays neutre, cherche à assurer sa défense de manière indépendante mais qu'en cas d'attaque elle devrait pouvoir «organiser librement sa défense avec d'autres Etats». Le rapport examine les conditions qui permettent d'assurer la circulation des unités militaires des pays partenaires et, le cas échéant, de participer à des exercices communs.
Après le début du conflit en Ukraine, un vif débat s'est engagé en Suisse sur la nécessité de réviser le concept de neutralité au vu de la situation géopolitique. Les autorités suisses ont décidé de s'associer aux sanctions économiques prises à l'encontre de Moscou.