L'UE évoque son propre accord «mutuellement bénéfique» sur les matériaux critiques avec l'Ukraine
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L’Ukraine devient un enjeu clé pour les puissances occidentales d'un point de vue de l'accès à ses terres rares. D’abord ciblée par les États-Unis, qui exigent des compensations pour leur aide militaire et économique, elle attire désormais l’Europe, désireuse d’accéder également à ses ressources stratégiques.
Face aux exigences américaines envers l'Ukraine sous la forme d'un contrat portant sur des centaines de milliards de dollars de minerais rares, l'Europe n'a pas pu s'empêcher de demander la même chose. Comme souvent, après avoir vu Washington prendre l’initiative, Bruxelles s’engage désormais dans la course aux ressources, bien décidée à obtenir sa part du pactole.
Lors d’une réunion avec le gouvernement ukrainien le 24 février, le commissaire européen à l’industrie, Stéphane Séjourné, a mis en avant la proposition d’un accord entre l’Ukraine et l’UE sur l’exploitation des «matériaux critiques». Présenté comme un partenariat «équitable», ce projet vise à garantir à l’Europe un accès privilégié aux ressources stratégiques de l’Ukraine.
Les discussions ont notamment porté sur les minerais rares, devenus un enjeu majeur pour Bruxelles. «21 des 30 matériaux critiques dont l'Europe a besoin peuvent être fournis par l'Ukraine», a souligné Stéphane Séjourné, avant d’assurer que l’UE ne négocierait «jamais un accord qui ne soit pas mutuellement bénéfique».
En février, les tensions ont monté d’un cran entre Washington et Kiev après les exigences du président américain Donald Trump, réclamant une compensation pour l’aide apportée à l’Ukraine, qu’il estime à 500 milliards de dollars. Face au rejet par Kiev du premier projet d’accord sur l’exploitation des ressources, Trump n’a pas mâché ses mots et a directement attaqué le dirigeant ukrainien Volodymyr Zelensky. D’abord centré sur les terres rares, le discours de Trump a rapidement évolué : «Nous demandons des terres rares et du pétrole, tout ce que nous pouvons obtenir», a-t-il déclaré.
L'idée de proposer aux États-Unis une «exploitation commune» des ressources du sous-sol ukrainien avait été mise sur la table dès septembre dernier par Volodymyr Zelensky, lors de sa rencontre avec celui qui était encore le candidat républicain à la Maison Blanche, et ce, afin de l'«influencer», avait rapporté le Financial Times.