Le nouveau chancelier allemand appelle à «l’indépendance» de l’Europe en matière de défense
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Vainqueur des législatives du 23 février 2025, Friedrich Merz a affirmé que sa «priorité absolue» était de réduire la dépendance à Washington et de soutenir Kiev. Il appelle à une Europe militairement autonome vis-à-vis des États-Unis de Donald Trump.
Le triomphe de Friedrich Merz et de la CDU aux élections législatives allemandes du 23 février 2025 marque un tournant. Dès le lendemain, le futur chancelier a surpris en plaidant pour une «capacité de défense européenne autonome», une rupture avec l’atlantisme historique de Berlin. «Je ne me fais aucune illusion sur ce qui se passe là-bas en Amérique», a-t-il déclaré sur ARD, pointant l’indifférence croissante des États-Unis face aux enjeux européens.
Indépendance européenne et réarmement allemand
«Il est désormais crucial que l’Europe ait une position commune. La politique commerciale est européenne et non nationale. D’ici le sommet de l’OTAN à La Haye, il faudra que soit clairement définie la contribution que l’Europe doit apporter à sa défense.» Sur le réseau social X, le futur chancelier allemand Friedrich Merz a exposé sa volonté de renforcer la défense européenne.
„Jetzt ist entscheidend, dass #Europa eine gemeinsame Haltung hat. Die Handelspolitik ist europäisch, nicht national. Bis zum NATO-Gipfel in Den Haag muss klar sein, welchen Beitrag Europa für seine Verteidigung leisten muss.” (tm)
— Friedrich Merz (@_FriedrichMerz) February 24, 2025
Fervent partisan de l’aide militaire à l’Ukraine, il insiste pour que Kiev soit intégrée aux pourparlers de paix. Pour le futur chancelier, dont le parti est arrivé en tête lors des élections fédérales du 23 février, l’OTAN, telle qu’elle existe depuis 1949, pourrait ne pas survivre sous sa forme actuelle. Il insiste donc, à l’instar de plusieurs entreprises allemandes, pour réarmer le pays. Le 21 février, le conglomérat industriel allemand spécialisé dans l’armement Rheinmetall se félicitait ainsi du «boom des effectifs dans l'industrie de l'armement». En effet, depuis la conférence de Munich sur la sécurité qui s’est déroulée du 14 au 16 février, le cours du fabricant allemand de blindés, de munitions et de systèmes d’artillerie s’est envolé de près de 30%.
Waffenbauer im Trend - Mitarbeiterboom in der Rüstungsindustrie | https://t.co/tvQPyPL13Xhttps://t.co/iEt17vVFQD
— Rheinmetall (@RheinmetallAG) February 21, 2025
Une dynamique qui peinera à masquer les pénuries dont souffre l’armée allemande, la Bundeswehr. Celle-ci manque de chars et d’avions de combat, dont la quantité a fondu depuis des décennies. Par ailleurs, le fonds exceptionnel de 100 milliards d’euros lancé en 2022, s’épuisera en 2027. Le chancelier Scholz évoquait à l’époque sa volonté de faire de l’armée allemande «la plus grande armée conventionnelle d’Europe».
L’Allemagne accueille actuellement 35 000 soldats américains sur son sol et ne dispose pas de l’arme nucléaire même si, selon The Daily Telegraph, la France pourrait déployer des armes nucléaires en Allemagne si les troupes américaines se retiraient d'Europe.
Par ailleurs, le Pacte de stabilité et de croissance imposé par l’Union européenne empêche des investissements massifs dans l’outil de défense. La présidente de la Commission européenne, l’Allemande Ursula von der Leyen, propose de déroger à cette disposition.