Responsable du sabotage du Nord Stream ? Le général ukrainien Zaloujny dans le viseur des enquêteurs allemands
L'ordre de saboter le Nord Stream a été donné par l’ancien commandant en chef de l’armée ukrainienne Valeri Zaloujny, violant celui de Volodymyr Zelensky d'arrêter l'opération, a affirmé le Wall Street Journal ce 14 août.
Dans la foulée de la divulgation par la presse d’un mandat d’arrêt émis par la justice allemande contre un suspect ukrainien dans l’affaire du sabotage du Nord Stream, le Wall Street Journal (WSJ) a apporté dans la nuit du 14 août de nouvelles révélations.
Selon le quotidien américain, l’opération a bien impliqué «un petit yacht de location avec un équipage de six membres, dont des plongeurs civils expérimentés». Le WSJ corrobore ainsi les informations de la presse allemande, ajoutant que «l'un d'eux était une femme, dont la présence a contribué à créer l'illusion d'un groupe d'amis en croisière de plaisance».
«Je ris toujours quand je lis dans les médias des rumeurs sur une opération de grande envergure impliquant des services secrets, des sous-marins, des drones et des satellites», a déclaré un officier ukrainien impliqué dans le complot au WSJ. Et d'ajouter : «Tout cela est né d’une nuit de beuverie [en mai 2022] et de la détermination inébranlable d’une poignée de personnes qui ont eu le courage de risquer leur vie pour leur pays.»
Mais l’affaire n’était pas aussi simple : la CIA, mise au courant, aurait exigé que le bureau de Volodymyr Zelensky mette fin à l’opération, rapporte le quotidien américain, citant un officier ayant participé au sabotage et trois personnes au courant du dossier. Celle-ci a donc eu lieu en septembre 2022.
Zaloujny premier suspect ?
Selon la publication, Zelensky a transmis cet ordre à Zaloujny, mais le général a choisi de l’ignorer. Ce dernier, qui est désormais ambassadeur d'Ukraine à Londres, a nié toute implication dans l'explosion de gazoducs auprès du WSJ.
Le journal révèle que les enquêteurs allemands se concentrent désormais sur lui et ses collaborateurs, citant encore des sources proches du dossier qui admettent ne disposer pour l'heure d’aucune preuve suffisante.
«Ces conclusions pourraient bouleverser les relations entre Kiev et Berlin», écrit par ailleurs le média, soulignant l’importance de l’aide allemande et la pusillanimité de ses responsables politiques : «Certains dirigeants politiques allemands ont peut-être voulu ignorer les preuves pointant vers l'Ukraine, de peur de saper le soutien national à l'effort de guerre. Mais la police allemande est politiquement indépendante.»
L'Ukraine... ou la CIA ?
Près de deux ans après le sabotage, les soupçons s'accumulent donc vers l'Ukraine. Le média russe Rybar met toutefois en doute ces révélations consécutives ce 15 août, estimant qu'elles «indiquent plutôt que cette fuite d'information est une opération de couverture de la CIA». Et d'ajouter : «l'Ukraine est un candidat idéal.»
«Une attaque d'une telle ampleur est une raison suffisante pour déclencher la clause de défense collective de l'OTAN, mais nos infrastructures critiques ont été détruites par un pays que nous soutenons avec des livraisons massives d'armes et des milliards d’euros», a admis au WSJ un haut responsable allemand au courant de l'enquête.
Le 26 septembre 2022, plusieurs explosions sous-marines ont provoqué quatre énormes fuites de gaz sur les gazoducs Nord Stream 1 et 2, reliant la Russie à l'Allemagne et acheminant l'essentiel du gaz russe vers l'Europe. De nombreuses thèses avaient alors circulé en Occident, y compris l'idée que la Russie avait fait exploser ses propres projets.
Moscou a cessé de livrer du gaz via Nord Stream 1 à la suite de sanctions du G7 sur le pétrole russe en septembre 2022 et Nord Stream 2, qui devait doubler la capacité de transport de gaz, a été ciblé alors qu’il devait entrer en service, Olaf Scholz ayant suspendu la certification du projet le 22 février 2022 à la suite de la reconnaissance par Moscou de l’indépendance des Républiques populaires du Donbass.