Nord Stream : l'Allemagne lance un mandat d’arrêt contre un plongeur ukrainien, la Pologne ne coopère pas
Selon plusieurs médias, la justice allemande aurait lancé un mandat d’arrêt contre un instructeur de plongée ukrainien, soupçonné d’être lié au sabotage dans la Baltique des gazoducs Nord Stream, en septembre 2022. La Pologne n'a toutefois pas réagi à temps pour interpeller le suspect sur son sol.
Trois instructeurs de plongée ukrainiens auraient été impliqués dans le sabotage des gazoducs Nord Stream en septembre 2022. Un mandat d'arrêt européen a été émis en juin dernier par le parquet fédéral allemand contre l’un d’entre eux, vivant alors en Pologne, ont affirmé ce 14 août plusieurs médias allemands, dont la chaîne de télévision publique ARD et le journal Süddeutsche Zeitung.
Ce suspect, Vladimir S., aurait donc contribué au sabotage et à la pose des explosifs en profondeur sur le gazoduc, déclarent-ils. Or, les autorités polonaises devaient réagir 60 jours après l’émission de la demande allemande et interpeller cette personne, en vertu des normes d’entraide judiciaire de l’UE.
Mais Varsovie ne l'a pas fait, les médias allemands n'en explicitant pas les raisons précises, tout en estimant qu’arrêter cet homme était un dilemme pour les autorités polonaises, le pays étant opposé aux gazoducs.
«Le gouvernement fédéral discute de son sort au plus haut niveau avec le gouvernement polonais»
Reste que «le gouvernement fédéral discute de son sort au plus haut niveau avec le gouvernement polonais», rapporte la presse allemande. Le suspect semble avoir désormais pris la fuite. Semble-t-il joint par les médias, le dénommé Vladimir S. a nié toute implication dans cette attaque.
RT a retrouvé la page Facebook du suspect et son nom complet : Vladimir Jouravliov, et celle de sa femme Yulianna. Originaire de Kiev, celui-ci a travaillé pour une association américaine d'instructeurs de plongée.
L’ARD et d’autres médias allemands avaient enquêté en mars 2023 et affirmé qu’un commando ukrainien était responsable de ce sabotage, alors que l’Occident n’a cessé d’accuser la Russie d’avoir fait sauter ses propres gazoducs alimentant l’Europe.
Le suspect, brièvement joint au téléphone par les médias allemands, a réfuté toute implication dans l'attentat. Les enquêteurs allemands auraient, toujours selon les mêmes sources, identifié Vladimir S. sur des photographies, une Citroën blanche ayant été flashée alors qu’elle emmenait le commando vers un voilier. Des résidus d’explosifs auraient été trouvés à bord de celui-ci.
«Que se passerait-il si les Ukrainiens étaient réellement derrière l’attaque ?»
Selon les médias allemands, le lien entre les autorités de Kiev et les plongeurs n’a pas encore été établi. Ils s’interrogent toutefois : «Que se passerait-il si les Ukrainiens étaient réellement derrière l’attaque ? Les livraisons d’armes s’arrêteraient-elles ? Comment réagir face à un pays qui a détruit l’infrastructure grâce à laquelle l’Allemagne voulait s’approvisionner en gaz ?»
Les enquêteurs suédois et danois, admettant pourtant un «sabotage intentionnel», ont abandonné leur travail en février 2024, suscitant de vives critiques de Moscou. «Ceux qui mènent l'enquête en Occident ne sont pas intéressés par la vérité», avait fustigé, le 26 septembre 2023 à New York, le représentant permanent à l'ONU de la Fédération de Russie, Vassili Nebenzia.
Le 26 septembre 2022, plusieurs explosions sous-marines ont provoqué quatre énormes fuites de gaz sur les gazoducs Nord Stream 1 et 2, reliant la Russie à l'Allemagne et acheminant l'essentiel du gaz russe vers l'Europe.
Moscou a cessé de livrer du gaz via Nord Stream 1 à la suite de sanctions du G7 sur le pétrole russe en septembre 2022 et Nord Stream 2, qui devait doubler la capacité de transport de gaz, a été ciblé alors qu’il devait entrer en service, Olaf Scholz ayant suspendu la certification du projet le 22 février 2022 à la suite de la reconnaissance par Moscou de l’indépendance des Républiques populaires du Donbass.