«La police et la gendarmerie ne sont pas malades du suicide», selon Christophe Castaner
Après le suicide de deux policiers début avril, portant le total à 25 depuis début 2019, le ministre de l'Intérieur Christophe Castaner a estimé que le phénomène n'était pas une «fatalité», mais il n'a pas annoncé de nouveau plan pour y remédier.
Il aura fallu attendre que plusieurs syndicats de police tirent la sonnette d'alarme après deux nouveaux suicides pour que le ministre de l'Intérieur Christophe Castaner daigne réagir au phénomène. D'après un bilan établi par des associations policières, 25 policiers et deux gendarmes se sont donnés la mort depuis le début de l'année 2019, ce qui signifie qu'un fonctionnaire de police s'est suicidé tous les quatre jours en moyenne.
Si ce chiffre témoigne d'un mal-être récurrent au sein des forces de l'ordre, le ministre a pourtant refusé d'y voir une «fatalité». «La police et la gendarmerie ne sont pas malades du suicide», a-t-il d'ailleurs affirmé à l'occasion d'une visite à l'hôpital des gardiens de la paix à Paris, le 12 avril.
Soucieux de «mettre les bouchées double» pour lutter contre ce fléau, Christophe Castaner n'a toutefois pas annoncé de nouveau programme de lutte et de prévention des suicides, promettant simplement une accélération dans la mise en œuvre du plan lancé en 2018 par son prédécesseur. Dans cette optique, il a annoncé la création d'une «cellule alerte prévention suicide» pour la police nationale, dont la mission sera de porter ce plan d'actions et de faire des propositions au ministre.
Les fonctionnaires ne savent pas dans quelle mesure ils peuvent faire confiance à leur ministre
Lancé sous l'égide de Gérard Collomb, ce plan n'avait pourtant pas été jugé assez solides par de nombreux fonctionnaires de police, qui avaient mis en avant le «mal-être quotidien» et le «contexte social tendu dans de nombreuses catégories socioprofessionnelles», comme l'avait expliqué à RT France Jean-Pierre Colombies, porte-parole de l'Union des policiers nationaux indépendants (UPNI), le 9 avril. «Le suicide n'est que la partie émergée de l'iceberg. On ne voit pas qu'il y a aussi une cohorte de fonctionnaires qui sont très mal dans leurs pompes et qui ont pourtant envie de bien faire leur métier... Face à cela, le gouvernement ne répond qu'avec des mesures ponctuelles, cosmétiques, sans analyse de fond», avait-il déploré.
«On se trouve dans un tel contexte de tension sociale qu'on imagine mal un travail de fond dans notre administration sclérosée», avait ajouté Jean-Pierre Colombies, peu optimiste quant aux solutions que pourrait proposer l'exécutif et qui souligne : «Pendant ce temps, dans les commissariats, il faut être clair, les fonctionnaires ne savent pas dans quelle mesure ils peuvent faire confiance à leur ministre. C'est le type d'idées qui nous remontent du terrain actuellement.»