Une association musulmane proche de Médine accusée de diffuser un message intégriste

Une association musulmane proche de Médine accusée de diffuser un message intégriste© Capture d'écran du site Havre de Savoir
La site de l'association Havre de Savoir en juin 2018.
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L'association Havre de Savoir a été médiatisée pour sa proximité avec le rappeur Médine, au cœur d'une polémique après sa programmation au Bataclan. Si elle souhaite diffuser des «valeurs d’ouverture», elle relaye des référents aux vues radicales.

Lors de la polémique visant les concerts du rappeur Médine au Bataclan, la proximité de ce dernier avec l’association Havre de Savoir a été mentionnée. Cette organisation dont le but est selon son site internet de «faire connaître l’islam et ses valeurs d’ouverture et de tolérance, son éthique et sa morale» a des accointances avec certains intervenants proches des Frères musulmans, dont les vues antisémites, misogynes ou homophobes sont notoires.

Alors que différents médias notaient que Médine faisait partie de cette association, l’artiste a fait savoir à Libération n'avoir jamais été ambassadeur, ni même adhérent.

Selon le quotidien, le chanteur «reconnaît seulement avoir été programmé pour une conférence en 2013 à propos de ses engagements en tant qu’artiste». Pourtant, plusieurs documents attestent le contraire, le rappeur s’étant lui-même qualifié d'«ambassadeur» officiel de l'organisation dans une vidéo non datée et diffusée sur Twitter par un militant identitaire. Il a en outre animé plusieurs émissions de discussions filmées pour les besoins du site.

L'association cherche souvent à induire la réflexion, à approfondir les débats, tout en se référant aux préceptes du Coran. On peut par exemple y lire que «faire preuve d’une extrême intransigeance au sujet de la barbe n’a pas de sens». D'autres textes invitent à respecter les femmes, à ce qu'elles puissent croire en leurs qualités. Une autre partie du site aborde des questions religieuses grâce à des analyses de théologiens divers et variés.

En apparence, le lecteur peut découvrir un site argumenté, aux textes de bonne tenue, qui n’incite en aucun cas à la violence, au mépris de l’incroyant ou encore à l'antisémitisme. Mais dans d'autres canaux d'information, dans d'autres conférences, ses intervenants réguliers ou ses mentors se laissent aller à des propos flirtant avec l'islam radical.

Le mentor Youssef al-Qaradâwî : prédicateur fondamentaliste, homophobe, misogyne et antisémite

La figure la plus polémique relayée par le site est le prédicateur Youssef al-Qaradâwî, qui y apparaît dans nombreuses vidéos. Il n'est autre que le théologien de référence des Frères musulmans, une organisation islamiste sunnite fondée en 1928, considérée comme terroriste par plusieurs pays, dont l'Egypte ou la Russie.

Enrichi grâce à la vente d’appartements, cet homme fortuné égypto-qatari, où il a pendant de nombreuses années animé une émission religieuse sur la chaîne de télévision Al Jazeera, sobrement intitulée «la Charia et la vie». Il y déclinait son interprétation très stricte du Coran. Malgré ses prises de position radicales, il fut un temps bien considéré par les Occidentaux. Mais en avril 2012, Nicolas Sarkozy, alors président de la République, finit par l’interdire de séjour en France.

Banni de nombreux pays, il est accusé de justifier et d'encourager le terrorisme. Il a même été l’objet d’un mandat d'arrêt d’Interpol en 2014 pour «incitation au meurtre, au vandalisme, à la violence et au vol», commandé par les autorités égyptiennes sous le mandat du président égyptien Abdel Fattah al-Sissi. Mais ses propos continuent à être régulièrement diffusés par Havre de Savoir.

L'homme, qui justifie la polygamie par les besoins sexuels pressants du mari, s'est notamment rendu célèbre pour avoir légitimé le fait de battre sa femme si elle n'obéissait pas. «Si cela s'avère inutile, il essaie de la corriger avec la main tout en évitant de la frapper durement et en épargnant son visage», conseille-t-il dans son émission d'Al Jazeera, tenant le même type de propos dans son livre Le licite et l'illicite en Islam, repris dans un rapport de l'Unesco, Images de femmes. Ses charges les plus lourdes sont prononcées à l’égard des homosexuels.

Dans son émission le 5 juin 2006, un animateur lui demande : «Comment doivent-ils être punis ?» La réponse du théologien : «Les écoles de pensée ne sont pas toutes d'accord concernant la nature de la punition. Certains disent qu'ils doivent être punis comme les fornicateurs [...] Certains disent qu'ils doivent être jetés du haut d'un toit. [...] D'autres disent qu'il faut les brûler [...] Mais l'important c'est de traiter cela comme un crime.» 

Les Juifs ne sont pas non plus épargnés par le prédicateur intégriste. Lors d'une prise de parole sur Al Jazeera, le 30 janvier 2009, il a prétendu qu'Hitler avait réussi à remettre «les Juifs à leur place». Il a aussi souhaité sur la même chaîne le 28 janvier 2009 pouvoir faire le djihad guerrier, même en fauteuil roulant, et aller abattre «les ennemis d'Allah, les Juifs».

Certains disent qu'il faut brûler les homosexuels

Ce personnage a aussi appelé en décembre 2012, dans son émission d'Al Jazeera à s’élever contre Bachar el-Assad et à tuer tous ceux qui «sont du côté de ce pouvoir». Toujours dans son émission, il ne cache rien de ses visées de conquête religieuse de l'Occident. «L'islam est entré deux fois en Europe, et deux fois l'a quittée... Peut-être que la prochaine conquête, avec la volonté d'Allah, se fera par la prédication et l'idéologie», prédit-il.

Hani Ramadan, frère de Tariq et Frère musulman

Autre personnage régulièrement cité dans les colonnes de Havre de Savoir, Hani Ramadan, frère de Tariq, descendant du fondateur des Frères musulmans dont il prêche la doctrine.

Coutumier d'interventions moins policées que celles de son frère, Hani Ramadan ne s’est jamais embarrassé de nuances et d’appels à la tolérance. Cela lui vaut une interdiction de séjour sur le territoire français depuis avril 2017. Le directeur du Centre islamique de Genève est capable de justifier la lapidation ou l'amputation des mains, en se référant au livre saint, comme il l'a fait dans une tribune parue dans Le Monde en décembre 2002. Le prédicateur y a ainsi expliqué que la lapidation en cas d'adultère était envisageable sous certaines conditions, insistant sur la rareté de sa prescription, censée l'absoudre de toute indignation et la décrivant comme «une punition, mais aussi une forme de purification».

Le virus du sida n'est pas issu du néant

Il ajouta aussi dans cette tribune ce commentaire : «En clair, que ceux qui nient qu'un Dieu d'amour ait ordonné ou maintenu la lapidation de l'homme et de la femme adultères se souviennent que le virus du sida n'est pas issu du néant.»

Nabil Ennasri : des réserves sur la culpabilité de Mohammed Merah

Havre de Savoir accorde aussi une tribune à Nabil Ennasri, président du Collectif des Musulmans de France (CMF), qui faisait preuve des plus grandes réserves envers la culpabilité du terroriste Mohammed Merah juste après le meurtre de sept personnes en 2012 par ce dernier.

Il avait confié ses interrogations au site Ajib le 28 mars 2012, reprises par Havre de Savoir. «Pourquoi parle-t-on de Merah comme s’il avait effectivement été le responsable de tous ces meurtres ? Que je sache, la justice n’a pas encore rendu son verdict ? En parlant d’"assassin", de "monstre" et de "tueur", comment les plus hautes autorités de l’Etat peuvent se permettre à ce point de fouler aux pieds la règle élémentaire de la présomption d’innocence ? Parce qu’en l’occurrence le présumé avait tout pour être désigné comme le coupable idéal ?».

Pourquoi parle-t-on de Merah comme s’il avait effectivement été le responsable de tous ces meurtres ?

Or, Mohammed Merah n'était plus à ce moment considéré par les autorités comme un suspect ou un coupable présumé. Dès le 22 mars 2012, l'AFP, reprise par de nombreux médias français, avait publié les propos du procureur de Paris François Molins, qui annonçait que le terroriste avait filmé tous ses forfaits, évoquant des scènes explicites. Mohammed Merah avait en outre avoué ses méfaits durant les négociations.

Hassan Iquioussen, habitué des polémiques

Hassan Iquioussen, membre de l’Union des organisations islamiques de France (UOIF), suspectée par ses détracteurs d'être la vitrine des Frères musulmans dans l'Hexagone, fondateur des Jeunes Musulmans de France et régulièrement présent dans les colonnes de Havre de Savoir, est lui aussi un habitué des polémiques.

En 2004, il est accusé dans Libération d'avoir proféré lors d'une conférence des insultes  envers les Juifs qu'il aurait qualifiés d'«avares, ingrats». Des propos condamnés par Dominique de Villepin, alors ministre de l'Intérieur, pour lesquels l'homme s'est excusé depuis.

Dans une vidéo publiée sur sa chaîne Youtube en 2016, le prédicateur reprochait en outre que le débat médiatique se concentre autour des attentats, un «faux problème» selon lui : «Au lieu de parler des vrais problèmes de la société notamment le chômage la précarité on crée des faux problèmes : le burkini, maintenant l’islam radical et politique et peut être demain encore des attentats, et on va surfer sur la vague du terrorisme islamique.»

Moncef Zenati, professeur de charia

L'une des têtes pensantes du site Havre de Savoir, présentée par Médine comme son «professeur», n'est autre que Moncef Zenati, «professeur de charia» à l'Institut européen des sciences humaines (IESH) de Château-Chinon.

Il apparaît toujours sous un jour docte sur le site, expliquant des points de religion d'un ton posé, détaillant références historiques à l'appui ses enseignements liés à l'Islam.

Moncef Zenati est l'un des traducteurs des discours de Youssef al-Qaradâwî, ainsi que de ceux d'Hassan Al-Banna, fondateur des Frères musulmans. Le religieux est un membre actif de la controversée UOIF.

RT France a tenté de contacter Moncef Zenati via le site Havre de Savoir mais n'a pas obtenu de réponse. 

Lire aussi : Polémique autour de Médine, ce rappeur qui «crucifie les laïcards» en concert au Bataclan

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