Faut-il laisser des imams étrangers venir en France pour le ramadan en mai ?
Alors que 300 imams étrangers doivent venir en France à l'occasion du ramadan au mois de mai pour prêter main forte à la communauté musulmane, les responsables politiques de la gauche laïque et de droite s'insurgent et pointent des «risques».
Le ramadan commence le 15 mai et sera célébré en France avec l'aide d'imams venus de l'étranger, notamment du Maroc et d'Algérie, selon les informations du journal Le Figaro. On peut également y lire que les communautés musulmanes recherchent «des religieux capables de réciter l'intégralité du Coran, appris par cœur, sur un mode psalmodique, une pratique connue sous le nom arabe de "tajwid".»
Selon une source proche du dossier citée par l'AFP, «entre 250 et 300» d'entre eux devraient faire le déplacement, mais «tous sous visa d'un mois», précise cette même source. Ils rejoindront en France les 300 imams détachés à demeure en France par la Turquie, l'Algérie et le Maroc.
Mais depuis le mois de mars, les critiques ont commencé à fuser contre cette venue en France, notamment dans les rangs de la gauche laïque et de la droite traditionnelle.
On nous casse les oreilles avec l'islam de France et on fait venir des imams d'Algérie !
L'ancienne secrétaire d'Etat, Jeannette Bougrab, avait ouvert le bal en déclarant le 28 mars au Figaro : «Organiser la venue d'imams étrangers en France est une hérésie [...] Les bras m'en sont tombés. Comment, dans un Etat laïque, le ministre de l'Intérieur, certes ministre des Cultes, se préoccupe de faire venir des imams d'Algérie pour le ramadan ?» Et d'ajouter, avec désarroi : «On nous casse les oreilles avec l'islam de France et on fait venir des imams d'Algérie !»
Manuel Valls lui a emboîté le pas et s'est exclamé, cité par Le Figaro : «Cela ne correspond pas à l'idée qu'on doit se faire d'un islam des Lumières.» Selon l'ancien Premier ministre de François Hollande, il convient de «mettre un terme» aux accords permettant la venue sur le territoire français des imams étrangers «le plus vite possible».
On peut avoir les prêches les plus républicains comme les moins républicains
Pour la sénatrice UDI Nathalie Goulet, auteure d'un rapport sur l'organisation de l'islam en France, ce dispositif, n'est «pas raisonnable». Elle invoque des «risques qui pèsent sur la société française». La parlementaire met notamment en lumière les aspects potentiellement antirépublicains de certains prêches : «Le ramadan est un moment très particulier, où l'on peut avoir les prêches les plus républicains comme les moins républicains de l'année. Certains imams viennent avec des visas touristiques, comment voulez-vous les contrôler?»
Evoquant une «décision sidérante» de la part de Gérard Collomb (le ministre de l'Intérieur est également ministre des Cultes), l'ancien ministre de l'Education Luc Ferry a dit tout son étonnement le 11 avril dans les colonnes du Figaro : «Mais pourquoi tant de pusillanimité face à une menace de plus en plus mortelle ?»
La ligne Wauquiez défendue par l'ancien bras droit de Juppé
L'ancienne juppéiste Virginie Calmels, désormais vice-présidente des Républicains et associée à la ligne de Laurent Wauquiez, se joignait au concert des critiques contre le gouvernement sur ce dossier et tweetait le 30 mars : «Avec l'aval de Gérard Collomb, 100 imams algériens sont envoyés en France pour le ramadan : quelle naïveté de la part du gouvernement ! Il faut cesser toute influence étrangère sur l'islam en France, tant en matière de financements que de formation des imams.»
Avec l'aval de @gerardcollomb , 100 imams algériens sont envoyés en France pour le ramadan:quelle naïveté de la part du gouvernement! Il faut cesser toute influence étrangère sur l'islam en France, tant en matière de financements que de formation des imams.https://t.co/vXwcaPCDbq
— Virginie Calmels (@VirginieCalmels) 30 mars 2018
Lire aussi : Marseille : un imam salafiste connu pour ses prêches radicaux expulsé vers l'Algérie