«Guerre froide avec la Russie»: Mélenchon et Le Pen opposés à la confrontation entre Paris et Moscou
Au micro de RT France, les deux députés ont souligné leur opposition à l'attitude du gouvernement français qui a récemment fait bloc avec Washington contre Moscou, sur fond d'affaire Skripal ou de conflit en Syrie.
Le gouvernement français suivrait-il aveuglément les Etats-Unis dans leur volonté de confrontation avec la Russie ? Le 10 avril à l'Assemblée nationale, le Premier ministre Edouard Philippe a en tout cas ciblé Moscou sans la nommer, jugeant que «les alliés du régime [syrien avaient] une responsabilité particulière dans [l]e massacre» chimique présumé de Douma et promettant une «réaction» française. Une position qui s'inscrit dans la lignée des menaces des Etats-Unis, qui n'ont pas non plus attendu qu'une quelconque enquête soit menée sur l'incident présumé pour faire porter le chapeau à Damas et ses alliés.
Cela ressemble beaucoup à un prétexte pour que les Etats-Unis [...] engagent un conflit armé
Dans un autre dossier, celui de l'affaire Skripal, Paris n'a pas non plus hésité à faire bloc avec les Etats-Unis et la Grande-Bretagne contre la Russie, là aussi sans attendre une enquête. Or, cet alignement anti-russe a ses opposants, dans l'hémicycle.
«Dans les guerres, la première victime, c'est la vérité»
Au micro de RT France, le député de La France insoumise, Jean-Luc Mélenchon, s'est montré prudent quant à ce qui s'est réellement passé dans la Ghouta orientale, estimant que «tout le monde sait très bien que dans les guerres, la première victime, c'est la vérité». L'élu de Marseille estime : «Ce qui se passe réellement sur le terrain nous est à peu près inconnu. Et l'attaque chimique, si elle a eu lieu, est évidemment abominable et doit être condamnée. Cela ressemble beaucoup à un prétexte pour que les Etats-Unis d'Amérique et leurs alliés reviennent sur la scène et engagent un conflit armé que, jusqu'à présent, ils ont perdu en faveur des Russes et du gouvernement actuel de la Syrie.»
Jean-Luc Mélenchon s'est également dit préoccupé par la récente rencontre d'Emmanuel Macron avec ses homologues des pays baltes (Lituanie, Estonie, Lettonie) à Paris. «Je n'aime pas du tout la réception qui a été faite aux trois présidents baltes réunis, je ne sais pas pour quelle raison à Paris, et qui sont venus jouer les va-t-en guerre aux applaudissements de Monsieur Macron», s'est offusqué, toujours au micro de RT France, Jean-Luc Mélenchon, qui a en outre rappelé : «la Russie n'est pas notre ennemi, c'est notre partenaire.»
#Macron réunit les présidents baltes pour menacer la Russie ! Folie ! La guerre américaine contre la Russie n'est pas la nôtre.
— Jean-Luc Mélenchon (@JLMelenchon) April 9, 2018
Ce n'est pas du tout l'intérêt de la France [...] que d'être, en quelque sorte, le doigt sur la couture du pantalon face aux Etats-Unis
La députée du Front national Marine Le Pen, également interrogée par RT France, a elle aussi émis l'inquiétude d'une France qui «contribue aujourd'hui à créer ou à recréer une forme de guerre froide avec la Russie». Elle met en garde contre l'atlantisme du gouvernement français : «[Cela] n'a aucun sens parce que ce n'est pas du tout l'intérêt ni de la France, ni de son économie, ni des relations internationales que d'être, en quelque sorte, le doigt sur la couture du pantalon face aux Etats-Unis, qui cherchent à souffler sur les braises d'un conflit avec la Russie.»
La présidente du FN ne comprend pas pourquoi la France tourne tant le dos à Russie, notamment avec la menace terroriste ambiante : «La Russie, aujourd'hui dans sa lutte contre l'Etat islamique, va-t-elle dans le sens de l'intérêt de la France ? La réponse est oui. Par conséquent, il n'y a aucune raison de traiter la Russie comme on la traite.»