Vœux à la presse : contre quelle propagande Emmanuel Macron veut-il lutter ? (VIDEOS)
Les vœux à la presse d'Emmanuel Macron, lors desquels il a annoncé qu'un projet de loi serait présenté contre la «propagande» et les «fake news», ont fait réagir de nombreux experts sur RT France. Décryptage.
Dans ses vœux à la presse prononcés le 3 janvier 2018, Emmanuel Macron a annoncé un projet de loi visant à lutter contre la «propagande» et les «fake news», et ce afin de «protéger la vie démocratique». Avec dans le collimateur les médias étrangers, le texte prévoit de pouvoir bloquer l'accès à certains sites internet qui diffuseraient de fausses informations.
Pour l'économiste Philippe Béchade, auteur du livre «Fake News», il s'agit clairement d'une «suite à son couplet sur les médias répendant des fausses nouvelles qu'il avait fait en compagnie de Vladimir Poutine» en mai 2017, lorsqu'il avait accusé RT et Sputnik de s'être «comportés comme des organes d'influence [...] et de propagande mensongère».
«[La propagande] quand elle est contre vous, vous la fustigez. Quand elle vous sert, quand on vous passe de la brosse à reluire, quand les médias sont complaisants, là du coup il n'y a plus de propagande», remarque-t-il, ajoutant ne pas connaître de pays aujourd'hui «où l'information n'est pas à un moment ou à un autre orientée».
Trouvant positif que la population cherche l'information ailleurs que les médias traditionnels et qu'elle recoupe cette information, Philippe Béchade estime que la proposition de législation d'Emmanuel Macron pose une interrogation à laquelle il est difficile de répondre : «A partir de quand identifions-nous ce qu'est une fake news ?»
Une question qui a également été posée par plusieurs politiques, certains y voyant une volonté de l'Etat de contrôler la parole médiatique.
Contacté par téléphone par RT France, le blogueur et économiste Olivier Berruyer estime qu'on se trouve dans un «mouvement de diminution de la liberté d'expression et d'information sur internet».
Remarquant que peu de pays se dotent de lois «contre le mensonge», il souligne : «On se rapproche de visions qui sont plutôt celles de la Chine ou de l'Iran et non pas celles de démocraties libérales». Citant le lanceur d'alerte Edward Snowden, Olivier Berruyer affirme : «La réponse aux fausses informations n'est pas plus de censure, c'est au contraire plus d'informations discutées en commun.»
Quant au modèle de journalisme défendu par le chef de l'Etat, selon le blogueur il s'agit du «modèle Laurent Delahousse où l'on vous pose des questions dérangeantes sur la position du sapin de Noël a l'Elysée mais pas beaucoup plus».
RT France dans le viseur d'Emmanuel Macron ?
Pour le rédacteur en chef de RT France Jérôme Bonnet, «il y a comme une sorte d'acharnement qui commence à se voir un petit peu». «Depuis mars, les attaques du camp d'Emmanuel Macron se multiplient envers RT», remarque-t-il.
«On nous a accusé 1 000 fois de diffuser des fake news. Jamais il n'y a eu le moindre exemple de fake news, et pour la simple et bonne raison qu'il n'y en a pas», note-t-il encore, qualifiant de choquantes les attaques répétées, mais non étayées, du chef de l'Etat contre RT France.
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Et pour cause, entre accusations sans preuves, appels à l'interdiction ou encore relations difficiles avec l'Elysée, le lancement de RT France fin décembre 2017 fut semé d'embûches.
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