Premier tour des législatives : un record oui, mais en quoi ?
Au premier abord, les chiffres donnent le tournis : jusqu'à 440 sièges sur 577 à l'Assemblée pour LREM selon plusieurs projections, nombre record de femmes en position de l'emporter au second tour. Mais d'autres chiffres sont moins glorieux.
Le match semble déjà plié, il l'était même avant le scrutin du premier tour des législatives le 11 juin 2017. L'Assemblée nationale est en passe d'être repeinte aux couleurs de La République en marche (LREM). En violet, mélange de bleu et de rose, couleur «et de droite et de gauche», que les graphistes de certaines chaînes d'information continue ont choisie.
"Il faut tourner la page" du Parti socialiste, estime Le Guen https://t.co/ZWK3EOgLinpic.twitter.com/hNxWEjacio
— BFMTV (@BFMTV) 12 juin 2017
Et, d'ailleurs, la presse est unanime : les législatives de 2017 s'annonce comme un «raz-de-marée» sans précédent et comme le millésime de tous les records. Mais certains chiffres sont moins élogieux, voire inquiétants.
Déferlante de candidats, et de candidates
Le millésime 2017 des législatives, avant même le second tour est d'ores et déjà celui de tous les records. D'abord en termes de candidats, 7 882 pour 577 circonscription, parfois sous des étiquettes plutôt originales. De quoi perdre des électeurs, qui souvent ne connaissent que mal les têtes d'affiches des grands partis, y compris les candidats tous neufs LREM. Fait notable, 3 344 candidats sont des candidates. Et, là aussi, c'est un record : 245 femmes sont arrivées en tête dans leur circonscription au premier tour ce 11 juin, dont 187 sous la bannière LREM. En 2012, 155 députées avaient été élues, le record pourrait bien être battu en 2017.
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Majorité record en vue avec moins de 14% des voix des Français
Mais il y a une ombre au tableau. Les législatives de 2017 sont aussi celle du record de l'abstention : seul 48,7 % des inscrits ont consenti à se rendre à leur bureau de vote. Moins d'un électeur sur deux. Du jamais vu sous la Ve République, signe que la défiance des Français à l'égard de leurs représentants ne cesse de croître. De 32,1% en 1997, l'abstention ne cesse en effet de progresser : 35,6% en 2002, 39,6% en 2007 et 42,8% en 2012, après l'élection de François Hollande.
Mais ce n'est pas tout. Avec environ 32% des suffrages, le parti présidentiel établi également un record : celui du plus mauvais chiffre pour un président tout juste élu. En la matière, c'est la troisième circonscription de la Guyane qui tient la palme du plus mauvais score : plus de 76% des électeurs s'y sont abstenus. Et, en métropole, le taux d'abstention a dépassé 67% dans le département de Seine-Saint-Denis.
Record historique d'#abstention sous la Ve République : à qui profite la faible participation ? https://t.co/mzWCrLu92epic.twitter.com/wMfgDPQUMJ
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En 2002, à l'occasion des premières élections législatives suivant l'inversion du calendrier électoral et la mise en place du quinquennat, l'Union pour un mouvement populaire (UMP) de Jacques Chirac recueillait encore 33,3% des voix, plus faible taux de participation avant celui du 11 juin 2017
A l'issue du second tour, le 18 juin prochain, selon plusieurs instituts de sondage, LREM pourrait remporter entre 390 et 445 sièges à l'Assemblée nationale, soit 80% de l'hémicycle, ne laissant que des miettes à l'opposition, alors que rapporté au nombre d'inscrits, le parti d'Emmanuel Macron n'a rassemblé derrière lui qu'un peu moins de 14% du corps électoral. Une base démocratique bien maigre, pour faire passer les réformes qu'Emmanuel Macron a promises durant la campagne présidentielle, notamment celle concernant le Code du travail.
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