Bruno Retailleau menace de quitter le gouvernement sur la proportionnelle

Opposé à la proportionnelle pour les législatives, Bruno Retailleau, ministre de l’Intérieur, refuse de porter cette réforme voulue par François Bayrou. Il n’exclut pas une démission, mettant la pression sur le gouvernement.
Le ministre de l’Intérieur et président des Républicains (LR), Bruno Retailleau, a jeté un pavé dans la mare le 2 juin, en menaçant de quitter le gouvernement si un projet de loi instaurant la proportionnelle pour les élections législatives était imposé. Lors d’un entretien d’1h15 avec le Premier ministre François Bayrou, accompagné de Laurent Wauquiez et Mathieu Darnaud, le ministre a réaffirmé son opposition « très ferme, absolue » à ce mode de scrutin, qu’il juge déstabilisant pour les institutions de la Ve République. « Toutes les options sont ouvertes », a-t-il déclaré, laissant planer la menace d’une démission.
Une opposition avec François Bayrou, défenseur historique de la proportionnelle
Pour Bruno Retailleau, fraîchement réélu à la tête des Républicains, la proportionnelle conduirait à un « éparpillement » politique, rendant le pays « ingouvernable » et accentuant l’« impuissance publique ». Il critique également son impact sur le lien entre les députés et leurs territoires, soulignant l’attachement de la droite à cet « enracinement ». Selon lui, ce mode de scrutin creuserait le fossé entre la France rurale et urbaine, au détriment des territoires.
François Bayrou, fervent défenseur de la proportionnelle intégrale par département, comme en 1986, a lancé des consultations avec les partis politiques depuis avril. Un projet de loi pourrait être examiné à l’automne. Mais cette réforme divise, même au sein du bloc central. Si le MoDem de Bayrou y voit une garantie de pluralisme, les macronistes jugent désormais le scrutin majoritaire « le moins pire ». Le Rassemblement national (RN) soutient une proportionnelle avec prime majoritaire, tandis que la gauche reste partagée, La France insoumise et Place publique plaidant pour une version régionale.
Les Républicains, eux, s’opposent farouchement. Le 2 juin, l’ex-Premier ministre Michel Barnier a ainsi estimé que « faire la proportionnelle aujourd'hui, c'est l'instabilité garantie ».
❌ « Faire la proportionnelle aujourd'hui, c'est l'instabilité garantie, voilà pourquoi nous y sommes opposés. »
— les Républicains (@lesRepublicains) June 2, 2025
📺 @MichelBarnier était l’invité du JT de @TF1Infopic.twitter.com/k2yFyqhLtF
Le bureau politique de LR a exprimé dès le 28 mai sa « ferme opposition », arguant que la proportionnelle pérenniserait l’absence de majorité parlementaire. De plus, selon des simulations, LR perdrait des sièges, passant de 67 à 22 élus si ce scrutin avait été appliqué en 2024. Laurent Wauquiez, « consterné » par les discussions avec Bayrou, a dénoncé un « tripatouillage électoral ».
Cette menace du ministre, figure influente du gouvernement et nouvel espoir de la droite pour 2027, met en lumière les tensions au sein de la coalition. Une sortie du gouvernement pourrait fragiliser davantage un exécutif sans majorité absolue, alors que Bruno Retailleau cherche à concilier ses ambitions présidentielles et son rôle ministériel.