Condamnation de Marine Le Pen : une nouvelle enquête ouverte après des menaces proférées à l’encontre des juges

Une enquête a été ouverte à la suite de menaces proférées à l’encontre des magistrats du tribunal correctionnel de Paris ayant notamment condamné Marine Le Pen le 31 mars à une peine d’inéligibilité. Celle-ci vient s’ajouter à une première enquête, toujours en cours, ouverte suite à des menaces de mort proférées en ligne début octobre.
Une nouvelle enquête a été ouverte à la suite des menaces qui ont visé les magistrats du tribunal correctionnel de Paris, l’instance qui a notamment condamné Marine Le Pen le 31 mars à une peine de cinq ans d’inéligibilité avec application immédiate, a appris ce 1er avril l’AFP citant une source proche du dossier. Selon cette dernière, l’enquête a été confiée à la brigade de répression de la délinquance aux personnes (BRDP).
Cette enquête vient s’ajouter à celle ouverte – et toujours en cours – par le Pôle national de lutte contre la haine en ligne (PNLH). Enquête, dont l’ouverture avait été révélée fin janvier par l’agence Reuters, qui d’après le parquet de Paris fait suite aux «menaces de mort au préjudice de magistrats, proférées sur internet».
En l’occurrence : des menaces de mort postées début octobre dans la section commentaires du site Riposte laïque et visant la juge Bénédicte de Perthuis, ainsi que deux représentants du ministère public qui ont requis contre Marine Le Pen et le parti à la flamme. L'enquête a également été confiée à la BRDP (brigade de répression de la délinquance aux personnes), selon une source proche du dossier alors citée par l’Agence de presse française.
Ce 1er avril, Le Figaro rapportait de source policière que la présidente du tribunal, chargée de juger l’affaire des assistants parlementaires du FN (rebaptisé depuis Rassemblement national), Bénédicte de Perthuis, avait été placée sous protection policière.
Un haut magistrat pointe du doigt Marine Le Pen
Un placement sous protection dont s’est déclaré «choqué», sur les ondes de RTL, le procureur général près la Cour de cassation, Rémy Heitz, l’un des deux plus hauts magistrats de France. Fustigeant les «termes totalement excessifs» employés, à ses yeux par Marine Le Pen, Heitz a estimé «inadmissibles» les «attaques très personnalisées contre des magistrats et les menaces qui peuvent faire l’objet de poursuites pénales». Le soir de sa condamnation, sur le plateau de TF1, la chef de file des députés du RN à l’Assemblée nationale avait dénoncé «une décision politique», «un déni de démocratie» ou encore le fait que «l'État de droit a été violé».
Également ce 1er avril, dans l’hémicycle du Palais Bourbon, interpellé par le chef de file des députés socialistes Boris Vallaud, appelant notamment aux «condamnations les plus fermes» à l’égard de ceux qui font peser des «pressions inacceptables» sur les magistrats, François Bayrou avait affirmé que ces derniers «doivent être protégés dans l'exercice de leurs missions» et qu'«il est légitime de leur apporter unanimement notre soutien inconditionnel».
«Les menaces proférées contre les magistrats du Tribunal judiciaire de Paris sont inacceptables dans une démocratie et préoccupantes pour l'indépendance de l'autorité judiciaire» avait posté, la veille au soir, sur son compte X, le ministre de la Justice Gérald Darmanin.
Également dans la soirée du 31 mars, le premier président de la cour d’appel de Paris, Jacques Boulard, avait fait part dans un communiqué de «sa vive préoccupation» face à ces menaces, rappelant que «dans un État de droit démocratique, la critique d’une décision de justice ne peut en aucun cas s’exprimer par des menaces formulées à l’égard des magistrats». Quelques heures plus tôt, c’est le Conseil supérieur de la magistrature (CSM) qui s’était fendu d'un communiqué, faisant part de son «inquiétude» face «aux réactions virulentes» qui seraient «de nature à remettre en cause gravement l'indépendance de l'autorité judiciaire».