Bayrou sur la crise avec Alger : «La fermeté ne parle pas nécessairement fort»
Invité de la station de radio France Inter le 16 mars, le Premier ministre français, François Bayrou, a affirmé qu'il n'existait aucune divergence de position entre lui, le ministre de l’Intérieur et le président de la République vis-à-vis du gouvernement algérien, qu’il a menacé d’une «remise en question complète» des accords bilatéraux.
Au lendemain des déclarations à la presse du ministre de l’Intérieur, Bruno Retailleau, qui avait menacé de démissionner si Paris venait à céder face à Alger sur le dossier des Algériens en situation irrégulière, François Bayrou a tenu à clarifier la position de l’exécutif. Il a assuré que, sur le fond, lui et le président de la République partagent l’avis du locataire de la place Beauvau.
«Je considère que, sur le fond, il n’y a pas de différence entre le président de la République, le ministre de l’Intérieur et moi», a déclaré François Bayrou lors de son interview sur France Inter. «Le président de la République est le garant des traités, c’est son rôle dans la Constitution, et il partage notre indignation», a-t-il précisé.
Interrogé sur le refus répété des autorités algériennes d’accueillir les ressortissants sous le coup d’une obligation de quitter le territoire français (OQTF), François Bayrou a dénoncé une attitude inacceptable entre «des pays liés par un traité d’amitié et de coopération renforcée». Il a ajouté qu’«il n’est pas possible d’avoir un refus de reprendre des ressortissants». Il a également critiqué ce qu’il considère comme des campagnes hostiles menées par les autorités algériennes contre la langue française, notamment son exclusion progressive des écoles et de la vie publique.
Une fermeté qui ne parle pas fort
Réagissant aux propos de la journaliste de France Inter, qui lui suggérait d’adopter une position plus ferme dans la relation avec Alger, François Bayrou a répondu favorablement tout en nuançant : «Mais la fermeté ne parle pas nécessairement fort».
Évoquant la question algérienne, le Premier ministre a tenu à rappeler que son gouvernement n’avait aucun différend avec «les compatriotes d’origine algérienne» ni avec le peuple algérien. «Nous avons une difficulté entre gouvernements, et il faut la considérer à ce niveau-là», a-t-il souligné.
Enfin, François Bayrou a exprimé l’espoir de voir aboutir sa politique vis-à-vis de la crise algérienne. «Autrement, nous aurons une remise en cause complète de ces accords, et cette remise en cause est prévue par un accord signé en 2022», a-t-il averti.