Retraites : le veto de Bayrou sur les 62 ans sème la confusion au sommet de l’État

Retraites : le veto de Bayrou sur les 62 ans sème la confusion au sommet de l’État© compte X @bayrou
Le Premier ministre François Bayrou en février 2025.
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François Bayrou a fermé la porte à un retour de la retraite à 62 ans, provoquant une cacophonie gouvernementale. Éric Lombard tente de temporiser, mais les syndicats et la gauche dénoncent une «trahison», fragilisant les négociations en cours.

«C’est aux partenaires sociaux de décider». Face au tollé provoqué à gauche par le rejet du Premier ministre de revenir sur l’âge de départ à la retraite, le ministre de l’Économie Éric Lombard a tenté de calmer le jeu le soir même sur BFM TV. «C’est aux partenaires sociaux de décider», a-t-il affirmé, assurant que leur verdict aurait «une force considérable».

Une position qui contredit François Bayrou sans le désavouer ouvertement. «Les 62 ans ont un coût élevé», a-t-il concédé, ajoutant que leur rétablissement exigerait des «modifications très fortes» d’autres paramètres pour maintenir l’équilibre financier. «Je fais partie avec le Premier ministre de ceux qui pensent que le dialogue social, c’est essentiel», a-t-il insisté, dans un exercice d’équilibriste périlleux.

Quelques heures plus tôt, le chef du gouvernement, François Bayrou, interrogé sur France Inter, a catégoriquement rejeté un retour à l’âge légal de départ à 62 ans, contre 64 ans aujourd’hui. «Non», a-t-il tranché, insistant sur «l’exigence de revenir à l’équilibre en 2030». Ce veto, posé alors qu’un «conclave» avec les partenaires sociaux est en cours depuis le 27 février, a pris de court les syndicats, ravivant les tensions autour d’un dossier explosif.

Le Premier ministre avait pourtant rouvert en janvier la réforme de 2023, promettant une concertation «sans totem ni tabou» pour éviter une censure socialiste au Parlement.

Amélie de Montchalin, ministre des Comptes publics, a soutenu Baryou et jugé lundi sur Europe 1 qu’un retour à 62 ans n'était «pas réaliste» au vu des contraintes budgétaires.

Elisabeth Borne, à l’Éducation, a salué la «confiance» envers les partenaires sociaux, tout en rappelant l’impératif d’équilibre.

Ce flou alimente les critiques sur une équipe aux messages dissonants.

Les syndicats, déjà sceptiques, y voient une instrumentalisation. «Il y a une trahison des engagements du Premier ministre», selon Denis Gravouil, membre du bureau confédéral de la CGT, chargé de l’emploi, des retraites et du chômage.

La CFDT, par la voix d’Yvan Ricordeau, a jugé les propos du Premier ministre «incompréhensibles» tandis que Force Ouvrière est conforté dans sa démarche d’avoir claqué la porte des discussions. Pendant ce temps, Édouard Philippe, rival de François Bayrou et candidat autoproclamé pour 2027, a raillé un conclave «hors sol», plaidant pour une démocratie sociale recentrée sur les priorités géopolitiques.

Du coté du PS qui a sollicité le conclave sur les retraites, le Premier secrétaire du parti Olivier Faure s’est insurgé sur X : «La défense ne peut servir de prétexte à l’accélération d’une politique de suppression des droits […] Y renoncer c’est donner le pouvoir à ceux qui le combattent en offrant à l’extrême droite le carburant dont elle a besoin». 

À deux mois de la fin des concertations, prévues jusqu’à fin mai, ce veto risque de torpiller un dialogue social déjà fragile. Le gouvernement, sans majorité claire, joue gros : apaiser la gauche et les syndicats tout en tenant ses promesses d’équilibre financier. Un casse-tête qui met à rude épreuve l’unité de l’exécutif.

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