Tesla en perte de vitesse : une chute vertigineuse des ventes en Europe

Les ventes de Tesla dans l’Union européenne s’effondrent, avec une baisse de 36 % en mars 2025 et près de 45 % sur le premier trimestre. Entre l’activisme politique d’Elon Musk et une gamme vieillissante, la marque américaine traverse une crise sans précédent.
Le marché automobile européen, en pleine transition vers l’électrique, affiche une santé contrastée. Alors que les immatriculations de véhicules électriques ont progressé de 17,1 % en mars 2025, représentant 15,2 % du marché selon l’Association des constructeurs européens (ACEA), Tesla, pionnier du secteur, subit une déroute spectaculaire. Les chiffres sont sans appel : les ventes du constructeur américain ont chuté de 36 % en mars par rapport à l’année précédente, et de 45 % sur le premier trimestre, passant de 65 774 à 36 167 véhicules immatriculés. Cette dégringolade, la plus marquée parmi les grands constructeurs, interroge sur les raisons d’un tel désamour.
L’image d’Elon Musk mise en cause
Le principal facteur pointé du doigt est l’image controversée d’Elon Musk. Depuis son rapprochement avec Donald Trump et son rôle de conseiller à la Maison Blanche, le milliardaire s’est attiré les foudres d’une partie des consommateurs européens. Appels au boycott, manifestations et actes de vandalisme contre les véhicules Tesla se multiplient, notamment en France, en Allemagne et au Royaume-Uni. En Allemagne, les immatriculations ont plongé de 62 %, et en France, elles ont reculé de 41 %, malgré une progression globale du marché électrique dans ces pays. Tesla a reconnu l’impact de ce « changement des sensibilités politiques » dans ses résultats financiers, publiés en avril 2025, avec un chiffre d’affaires en baisse de 9 % à 19,3 milliards de dollars et un résultat net en chute libre de 71 %. Ces chiffres sont conformes à une tendance qui avait déjà pu être constatée entre janvier 2024 et janvier 2025.

À cette crise d’image s’ajoute un problème structurel : la gamme Tesla, dominée par le Model Y lancé en 2020, montre des signes d’essoufflement face à une concurrence accrue. Les constructeurs européens, comme Volkswagen, et surtout chinois, comme BYD, proposent des modèles plus récents et souvent plus abordables. Alors que les hybrides, représentant 35,5 % des ventes européennes au premier trimestre, gagnent du terrain, Tesla peine à renouveler son offre. Le futur modèle plus accessible, attendu pour mi-2025, et le projet de robot-taxi autonome, prévu pour 2026, pourraient relancer la marque, mais leur impact reste incertain.
Face à ces défis, Elon Musk a annoncé un recentrage sur Tesla, réduisant son engagement dans la commission gouvernementale DOGE, qu’il pilotait aux côtés de Trump. Ce retour aux affaires a rassuré les investisseurs, le titre Tesla bondissant de 7 % en Bourse. Pourtant, la route reste semée d’embûches. En France, la baisse des bonus écologiques a accentué la chute des ventes électriques (-14 % en mars), tandis que l’hostilité envers la marque persiste dans plusieurs marchés. Tesla, jadis fer de lance de l’électrique, doit désormais reconquérir la confiance des consommateurs européens tout en modernisant son offre pour rester dans la course.