Niger : le groupe français Orano envisage de céder ses actifs d'uranium, selon le Financial Times

Le groupe nucléaire français Orano, détenu à 90% par l'État, envisage la vente de ses actifs d'uranium au Niger, rapporte le Financial Times. Cette décision intervient après la détérioration des relations avec le gouvernement souverainiste de Niamey, au pouvoir depuis le coup d'État de 2023.
Déclaré persona non grata au Niger, le groupe français Orano, spécialiste du combustible nucléaire, a confirmé qu'il envisageait de céder ses actifs dans le pays, après la détérioration de ses relations avec le gouvernement de Niamey, rapporte le Financial Times ce 17 mai.
Cette décision fait suite à une série d'événements : en juin 2024, les autorités nigériennes ont révoqué le permis d'exploitation d'Imouraren, l'un des plus grands gisements d'uranium au monde. En décembre, Orano a annoncé avoir perdu le contrôle opérationnel de la Somaïr, sa principale filiale dans le pays.
Ces mesures s'inscrivent dans une volonté affichée de Niamey de reprendre le contrôle des ressources naturelles du pays. Le Niger, qui fournit environ 20 % de l'uranium naturel utilisé en France, cherche à diversifier ses partenariats, notamment en se rapprochant de la Russie et de la Chine, jugés partenaires respectueux de la souveraineté.
Montée du souverainisme en Afrique
La possible cession des actifs d'Orano au Niger soulève des préoccupations au sein du gouvernement français, actionnaire majoritaire du groupe. Selon le Financial Times, des entreprises russes et chinoises auraient d’ores et déjà manifesté leur intérêt pour ces actifs stratégiques.
Cette situation reflète une perte d'influence de la France notamment en Afrique de l'Ouest, dans un contexte où plusieurs pays de la région remettent en question les partenariats historiques avec l'ancienne puissance coloniale. La France a par ailleurs retiré ses soldats du Tchad, du Mali et du Burkina Faso mais aussi du Sénégal et de la Côte d’Ivoire.
Portés par la politique souverainiste de leurs dirigeants respectifs, le Niger, le Burkina Faso et le Mali ont adopté de nouveaux codes miniers leur permettant d'accéder à une plus grande part des revenus miniers et à une participation plus importante des gouvernements. Les trois pays sahéliens sont confédérés au sein de l’Alliance des États du Sahel (AES) depuis juillet 2024.