Refuser de porter un masque est présenté comme un comportement irréfléchi et irresponsable. Et si cette opposition n'était pas plutôt la réaction nécessaire à un pouvoir qui s'affranchit de tout contrôle ?
Aujourd’hui, tout est fait pour stigmatiser les opposants à l’obligation du masque, les dénigrer, passer sous silence leurs arguments valables pour ne retenir que les plus aisément critiquables, réduire leurs possibilités d’expression, notamment leur accès à la presse, à la télévision et à internet, et les enfermer dans un ghetto censément constitué d’extrémistes de tous bords (de droite, surtout, soit l’horreur absolue), de «complotistes» délirants et paranoïaques, tous mauvais citoyens et individus dangereux, souvent irresponsables.
Un dénigrement bien facile qui procède du terrorisme moral et intellectuel
Si, sur certains points, les opposants au masque sont critiquables, ils n’en ont pas moins de très légitimes griefs, et des arguments sérieux à faire valoir. L’honnêteté la plus élémentaire consisterait à examiner les uns et les autres impartialement et, pour cela, à permettre aux anti-masques de s’exprimer dans les médias. Mais, cela, le terrorisme moral et intellectuel actuel le refuse. Nous vivons sous la chape de plomb du plus étouffant conformisme, du politiquement correct, de la bien-pensance, de l’intimidation permanente et, pour tout dire, de la peur.
D’aucuns diront que nous prouvons ici, par ces propos, ce caractère «complotiste», psychopathologique, dont nous prétendons nous défendre. C’est faux. Du reste, il est bien facile de dénigrer et entraver continuellement un individu ou un groupe, et, ensuite, de le présenter comme paranoïaque lorsqu’il se plaint de ce traitement.
L’absence de complot stricto sensu contre les citoyens et les opposants au masque obligatoire
Cependant, reconnaissons-le, il n’existe pas de complot politique visant à masquer et «distancer» la population (française et mondiale) ; pas plus qu’il n’existe de complot délibérément ourdi contre les adversaires du port obligatoire du masque.
Dans les débats sur les grands sujets de société, on ne peut jouer sur les mots sans risquer de provoquer la confusion et les plus graves malentendus, et de conforter les préjugés, les idées reçues et l’ignorance, au lieu d’éclairer les esprits.
Un complot est un plan délibérément concerté entre plusieurs individus conscients et lucides, en vue de nuire à une personne, un groupe ou une institution, pour le discréditer, entraver sa capacité d’expression et/ou d’action, le priver de possibilités d’exercer une fonction d’autorité ou d’influence, et le marginaliser au sein de la société, jusqu’à le faire oublier
Un complot est un plan délibérément concerté entre plusieurs individus conscients et lucides, en vue de nuire à une personne, un groupe ou une institution, pour le discréditer, entraver sa capacité d’expression et/ou d’action, le priver de possibilités d’exercer une fonction d’autorité ou d’influence, et le marginaliser au sein de la société, jusqu’à le faire oublier ; et l’entreprise peut aller jusqu’à détruire la liberté, voire la vie, de celui (ou de ceux) qu’elle vise. En ce sens exact et rigoureux du terme, il n’existe pas de complot contre les Français, ni contre les opposants au port du masque. Ni en France, ni dans le monde, n’existe un plan concerté associant le chef de l’Etat (ni les chefs d’Etat), le gouvernement (ou les gouvernements), la haute fonction publique et la classe politique pour asservir la population (française ou mondiale) sous prétexte de lutte contre la pandémie coronovirale.
Une oppression pourtant bien réelle, relevant de la psychose collective
Cela suffit-il à nous rassurer contre un risque d’asservissement et de dictature morale ? Nullement. Car l’une des caractéristiques de nos sociétés modernes, en France et en Amérique du nord, est de susciter une pression psychologique, sociale et culturelle, secondairement politique, qui se transforme spontanément – par le jeu de l’intimidation, de la peur de se démarquer du groupe ou d’une prétendue norme, de l’inhibition, du sentiment d’infériorité face au pouvoir et aux élites – en une véritable oppression, du fait d’une soumission à un mode de pensée et de conduite auquel incline la communauté, et qui est érigée en commandement impérieux, en règle absolue et en dogme par nos dirigeants, nos journalistes de presse écrite, de radio et de télévision, nos sites internet, et une kyrielle d’essayistes et autres intellectuels, dans leurs livres et leurs déclarations. Et tout cela sans que tous ces gens se concertent et arrêtent un plan commun d’action ou de propagande. Nous ne sommes donc pas, certes, en présence d’un complot, mais nous ne trouvons pas moins dans une situation on ne peut plus désagréable en laquelle les individus se trouvent contraints, brimés, oppressés et, en définitive asservis, par aliénation à une effervescence psychosociologique qui leur impose les superstitions, terreurs et idées reçues d’une communauté en proie à une véritable psychose collective, et qui a besoin de repères, et donc de tabous. À quoi s’ajoute l’action des pouvoirs publics qui relève elle aussi, au moins en partie, de cette psychose, et s’efforce de la contenir en apaisant la population par des décisions coercitives présentées comme des mesures de salut public.
Entre le pouvoir, les médias, les «intellectuels» et la population, il n’y a pas solidarité de complot, mais plutôt, une continuité psychosociologique.
Entre le pouvoir, les médias, les «intellectuels» et la population, il n’y a pas solidarité de complot, mais plutôt, une continuité psychosociologique. Et si le pouvoir prend et impose des décisions, il ne décide pas de tout comme dans une dictature totalitaire de type fasciste ou communiste.
L’oppression que nous subissons tous n’est certes pas le fait d’un tyran ou d’un parti unique identifié, mais elle n’en existe pas moins, elle est une réalité et non un fantasme (ou un canular), et d’autant plus redoutable qu’elle est impersonnelle. Et cela justifie pleinement les craintes de certains (beaucoup plus nombreux qu’on ne voudrait nous en persuader) à l’égard des mesures contraignantes prises par nos dirigeants pour juguler la présente pandémie.
Que l’on cesse de chercher à nous embobiner
Alors, pour commencer, mesdames et messieurs le président de la République, le Premier ministre, les ministres, les parlementaires, les médecins, journalistes et intellectuels médiatiques-rats de plateau (de télévision), cessez de nous raconter des craques et de nous embobiner avec vos propos visant à nous présenter la distanciation et le masque comme des mesures ne diminuant en rien nos libertés (ou notre liberté, tout simplement) et vos slogans loufoquement paradoxaux, mensongers et prétendument rassurants du genre «Masqués mais libres». Cessez de sous-entendre que nous pouvons vivre heureux quoique masqués et «distancés», de nous répéter que le masque est notre salut, notre sauvegarde, et que son port relève du plus haut degré de civisme. Contentez-vous de nous dire que le port du masque et les mesures de distanciation, bien qu’on ne peut plus contraignants, sont actuellement imposés par les circonstances. Et cessez également cette lamentable et déshonorante politique des petits pas visant à instaurer graduellement le port du masque en tous lieux et en toutes circonstances dès que l’on met le nez hors de chez soi. Rien de plus indigne, sur ce point, que le chemin suivi depuis le début de la crise par nos dirigeants. Résumons-en les phases : 1. Le masque n’est indispensable que pour les soignants, et il est inutile pour le reste de la population. 2. Les non-soignants peuvent porter le masque s’ils le souhaitent, si cela les rassure. 3. Il est assez conseillé de porter le masque. 4. Le masque est obligatoire dans les véhicules de transports en commun, facultatif ailleurs. 5. Le masque est obligatoire dans tous les lieux clos. 6. Le masque est obligatoire dans tous les lieux clos, et peut être imposé dans certains quartiers de certaines villes par les maires et les préfets. 7. Le masque est obligatoire au travail. Et, va bientôt venir : 8. Le masque est obligatoire dès que l’on quitte son domicile.
La seule mesure efficace au-delà des mesures déjà prises serait le reconfinement ; le port du masque partout et en tous lieux n’accroîtrait en rien l’évitement de la contamination.
Cette dernière mesure sera intolérable. En dépit de toutes les théories lubiques et fantasmatiques ayant actuellement cours au sujet de la possible (?) transmission du virus par aérosol et autres «voies aériennes», il est prouvé qu’en extérieur le port du masque n’est d’aucune efficacité préventive. La seule mesure efficace au-delà des mesures déjà prises serait le reconfinement ; le port du masque partout et en tous lieux n’accroîtrait en rien l’évitement de la contamination. Là encore, qu’on ne nous raconte plus d’histoires.
Le refus d’un monde de cauchemar et d’une civilisation de la distanciation et du masque
Que nos dirigeants s’en tiennent donc aux mesures qu’ils ont prises et n’en rajoutent plus. Et qu’ils nous disent aussi clairement (ce qu’ils se gardent bien de faire) que ces mesures ne dureront qu’autant que l’épidémie ne sera pas jugulée ou que l’on n’aura pas découvert et mis en circulation un vaccin approprié.
...il serait proprement inadmissible que ces mesures devinssent une règle définitive de conduite caractéristique de la société de l’avenir et que nous entrions dans une civilisation où le port d’un masque serait aussi naturel que le port de chaussures
Car si l’on peut comprendre la nécessité de mesures contraignantes pour des raisons de santé publique et d’intérêt général en une situation déterminée et limitée dans le temps, il serait proprement inadmissible que ces mesures devinssent une règle définitive de conduite caractéristique de la société de l’avenir et que nous entrions dans une civilisation où le port d’un masque serait aussi naturel que le port de chaussures, où la circulation des personnes resterait grevée de gestes barrières et autres pratiques de distanciation, où, à tout jamais, nous nous saluerions par de ridicules jeux de coudes, et où l’éternuement dans le creux du coude – jadis considéré comme sale et malsain – apparaîtrait comme un signe fort d’hygiène, de souci des autres, et de civisme. Il serait intolérable que le monde d’après 1920 fût un monde de cauchemar, un monde de martiens, de mutants masqués et mutuellement « distancés ». Il serait scandaleux qu’alors qu’existerait et serait mis à la disposition du public un vaccin contre le coronavirus, on prétende continuer à nous imposer le port du masque et les mesures de distanciation au motif que le Covid-19 n’est pas le seul germe, et qu’il existe d’autres virus vecteurs de maladies.
Exiger l’abandon du masque et de la distanciation dès qu’un vaccin sera mis en circulation
C’est pourquoi nous devons nous féliciter de l’existence d’un mouvement croissant d’opposition au port obligatoire du masque, en dépit de la fausseté de certains de ses arguments (pas de tous) et du caractère par trop radical de ses prises de position.
...[il faut] se battre pour obtenir l’assurance que [ces mesures] ne seront que temporaires
À notre humble avis, ce mouvement fait fausse route et se voue à l’insuccès auprès du public en soutenant l’inutilité totale du masque et de la distanciation en l’état actuel de la situation sanitaire en France (et dans le monde). Pour devenir crédible, il doit non pas critiquer les mesures actuellement en vigueur, mais se battre pour obtenir l’assurance qu’elles ne seront que temporaires et qu’elles cesseront d’être imposées à partir de la diffusion du vaccin contre le coronavirus au sein de la population.
Jusqu’ici, notre société libérale, d’ailleurs cause de la propagation du mal actuel, reposait sur un capitalisme mondialiste dont le type achevé se trouvait aux Etats-Unis. Prenons garde qu’à l’avenir notre société capitaliste soit un peu moins américaine et un peu plus chinoise.
Yves Morel
Cet article est publié en partenariat avec Politique Magazine
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