Frappé par les crimes qui ont marqué ce début mai, le criminologue et essayiste Xavier Raufer fait le point sur la politique sécuritaire d'Emmanuel Macron, estimant que ce dernier ne sait rien du quotidien des gens qu'il gouverne.
Bienvenue dans la France coupe-gorge.
Pour les seuls premiers jours de mai :
• Nantes Far-West. «Deux hommes munis d'armes longues poussent un piéton dans une voiture et l'enlèvent». Puis, près de là, des tirs partent de cette voiture vers un homme «connu pour trafic de stupéfiants». La police accourt : celui-ci n'a rien vu, rien compris, refuse de porter plainte – ainsi l'exige la «loi du silence». Peu après, encore au même endroit, un homme prend, chez lui, une balle de 9 mm dans le dos.
• Villeneuve Saint-Georges (94). Abattu en pleine rue – au sol, 7 douilles de 9mm – Mamadou (19 ans) meurt en arrivant à l'hôpital. La veille, un homme était tué à Bobigny (93). Autres règlements de compte début mai : Marseille (2 fois), Toulouse (2 fois), Champigny (94), Aniche (59), Rombas (57).
• Fontaine-sur-Saône (69). Le maire rencontre des habitants que la délinquance inquiète toujours plus : poubelles en feu, cambriolages, abribus fracassés, voiture brûlée, «pourrissent la vie du quartier». De jeunes squatteurs intimident les habitants.
• Verrières-le-Buisson (91). Braqués et ligotés par trois bandits cagoulés, les employés – terrifiés – d'une concession auto sont menacés de mort. Ayant volé leurs portables et photographié leurs cartes d'identité, les braqueurs fuient avec trois voitures haut-de-gamme et du matériel informatique.
• Hermonville (51) le distributeur de billets (DAB) du Crédit agricole saute à l'explosif. Pour le Procureur, «des dizaines de milliers d'euros» sont volés. Peu auparavant, le DAB de Muizon (51 encore) sautait lui aussi.
Ainsi de suite, chaque semaine, partout en France.
Malgré les grands efforts de Christophe Castaner pour tout camoufler et inventer de minables excuses («C'est les Gilets!»), le ministère de l'Intérieur doit parfois publier les vrais chiffres de la délinquance. Or, si l'on compare le 1e trimestre 2018 aux mêmes mois de 2019, on constate une évolution tout sauf rassurante.
Or, ces mauvais résultats en matière de délinquance ne traduisent pas l'incapacité des forces de police et de gendarmerie – tout à fait capables de redresser la situation si des décisions fortes sont prises et des ordres stricts donnés par le président de la République ; bien plutôt, cette dérive sécuritaire traduit l'indifférence du chef de l'Etat envers la sécurité au quotidien, quasi-inconnue du monde d'où il vient et de ceux qui ont financé sa campagne présidentielle.
Depuis Karl Marx, on sait en effet que l'infrastructure détermine la superstructure sociale ; Emmanuel Macron fait ainsi, logiquement, la politique de ses financeurs, vivant loin du crime et des voyous, à l'abri de demeures protégées par autant de vigiles que d'électronique. Qui a financé à l'origine l'entreprise politique de Emmanuel Macron ? – Précisément ceux-ci. France-Info le révèle le 4 mai passé, dans une grande enquête : les 16 millions de dons à Emmanuel Macron proviennent surtout «de "gros" donateurs, ayant financé l'essentiel de sa campagne présidentielle».
Descendons maintenant un cran au-dessous de la science politique : la sagesse populaire dit, elle : «C'est celui qui paie l'orchestre qui choisit la musique.» Or clairement, l'orchestre de luxe d'Emmanuel Macron est fort loin des problèmes de sécurité au quotidien ; ce qui explique pourquoi, en tout cas jusqu'à présent, son commanditaire au pouvoir s'en moque tout autant.
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