Après avoir défendu les sportifs russes, l'ancien biathlète Simon Fourcade pris à partie
L’entraîneur de l’équipe de France junior de biathlon a été vivement critiqué pour avoir exprimé son désaccord avec l’exclusion des athlètes russes des compétitions sportives par les fédérations internationales, qu'il juge contre-productive.
Ancien biathlète français et désormais entraîneur de l'équipe de France, Simon Fourcade a été la cible de critiques virulentes après avoir contesté l'exclusion des athlètes russes des compétitions internationales, relate RMC Sport. Dans une interview donné au média russe Match TV, le sportif, tout en se disant opposé à l'intervention russe en Ukraine, y a vu «une mesure contre-productive», affirmant que les athlètes concernés n'avaient rien à voir dans le conflit.
Cette position a notamment scandalisé le biathlète ukrainien Dmytro Pidruchnyi. «Allez au diable», a-t-il lancé à Simon Fourcade en visant en même temps le frère de ce dernier, Martin (quintuple champion olympique) sur Instagram, alors que celui-ci ne prenait pas part au débat. Selon le sportif ukrainien, qui a rejoint l’armée de son pays dès les premiers jours de l’offensive russe, «le silence des athlètes russes et biélorusses signifie qu’ils ont fait leur choix de soutenir la guerre».
Simon Fourcade avait pourtant expliqué que son empathie envers les athlètes russes découlait de scènes auxquelles il a assisté lors des championnats du monde junior de Salt Lake City (Etats-Unis) : «Un jour, sur le pas de tir, au moment des réglages, les entraîneurs ont annoncé à leurs athlètes [russes] qu’ils ne pourraient pas finir la compétition. Certains ont fondu en larmes. Ça m’a profondément affecté», a-t-il confié. Simon Fourcade, se disant «du côté de l'amitié et du sport», a même fait un geste symbolique en soutien de ces athlètes en découpant un drapeau français et en le redisposant sur les couleurs du drapeau russe. «Ça ne signifie en aucun cas que je soutiens le gouvernement russe et ce qu’il est train de réaliser en ce moment. Je voulais juste leur montrer que nous étions bien conscients qu’ils n’étaient pas coupables et que nous arrivions à faire la distinction» a-t-il insisté.
Martin Fourcade a également réagi aux attaques de l’Ukrainien : «Je ne suis pas habitué à répondre aux attaques privées sur les réseaux sociaux, mais je suis un peu fatigué d'être insulté. Ta tristesse ne t'autorise pas tout», a-t-il répliqué à Dmytro Pidruchnyi.
De nombreuses critiques se sont ajoutées à celles du sportif ukrainien, Simon Fourcade ayant fait état de «centaines de messages de haine» reçues après ses prises de position, dans une publication sur Instagram le 3 avril. Il a tenu à clarifier ses positions, en se disant à nouveau opposé à la guerre et en invitant les critiques à laisser son frère en dehors de la polémique : «Je ne soutiens pas la guerre et je ne soutiens pas le gouvernement russe», a-t-il écrit en majuscules.
«Il est assez facile de voir des athlètes d'Europe de l'Ouest confortablement assis dans leur canapé dire : "Vous devriez parler, vous devriez prendre position, vous devriez présenter des excuses pour faire partie de cela..."», a-t-il critiqué, ajoutant que les fédérations et institutions sportives internationales ont été plus promptes à exclure d'une seule voix les athlètes russes qu'à s'interroger sur l'organisation «d'événements sportifs majeurs dans des pays qui ne respectent pas la paix internationale et les droits de l'homme».
L'ancien biathlète en a profité pour replacer la question de l'engagement public des sportifs dans d'autres contextes qui avaient moins ému ses détracteurs : «Où étiez-vous lorsque la Syrie a été bombardée par le même régime qui attaque l'Ukraine ? Où étiez-vous pour vous opposer aux Jeux olympiques en Chine lorsque le gouvernement chinois opprimait le peuple ouïgour ? Où étiez-vous lorsque la Coupe du monde de football a été donnée au gouvernement du Qatar alors qu'il ne respecte pas les droits de l'homme ? Où étiez-vous pour le Grand Prix de F1 à Jedda alors que le gouvernement saoudien attaque le Yémen et a exécuté 81 personnes il y a quelques jours ?», a-t-il énuméré.
Depuis le déclenchement de l'offensive russe en Ukraine le 24 février, les sportifs russes et biélorusses ont été exclus de nombreuses compétitions internationales, y compris des Jeux paralympiques qui se sont tenus en Chine début mars, des sanctions qui s'ajoutent aux mesures économiques prises à l'encontre de la Russie.