«Oasis fiscale» de DSK au Maroc: un manque à gagner d'au moins six millions d'euros pour la France ?
Une décennie après l'affaire du Sofitel qui a poussé Dominique Strauss-Kahn à quitter la vie publique, de récentes révélations mettent en lumière comment l'ancien ministre de l'Economie a, ces dernières années, échappé à la fiscalité française.
En amont de la diffusion sur France 2 de l'émission Cash investigation, consacrée au parcours de Dominique Strauss-Kahn (DSK) depuis qu'il a quitté la vie publique, la chaîne télévisée a publié le 4 octobre plusieurs éléments de son activité économique ces dernières années, expliquant notamment comment l'ancien ministre français de l'Economie a délocalisé sa fiscalité au Maroc.
Séduction fiscale marocaine puis émiratie...
L'enquête de Cash investigation nous apprend, entre autres, comment l'ancien ministre français de l'Economie, qui a également passé trois ans et demi à la tête du Fonds monétaire international (FMI), a réussi à s'affranchir de toute fiscalité française pour les millions d'euros qu'il génère depuis 2013 avec sa société Parnasse International, à travers laquelle il conseille notamment des chefs d'Etats africains.
Pour ce faire, c'est au Maroc que DSK a créé son entreprise, plus précisément à la Casablanca Finance City, une zone franche très attractive pour les entreprises étrangères. La chaîne télévisée décrit une «oasis fiscale» qui a permis à l'homme d'affaires de ne payer aucun impôt pendant les cinq premières années suivant la création de son entreprise, et de bénéficier depuis d'une imposition presque quatre fois inférieure à celle du système français, avec une fiscalité «de 8,75%, contre [...] 33,13% en France au même moment». «Sur cinq années fiscales complètes, on arrive à environ 6,163 millions d'euros d'impôts sur les sociétés, que son entreprise aurait dû payer si elle avait été domiciliée en France», a affirmé l'économiste sollicitée par les journalistes de Cash investigation pour l'enquête en question.
En outre, si le début des activités de Parnasse International remonte à 2013, les «Pandora Papers» – du nom de l'enquête sur les hautes sphères de l'évasion fiscale, publiée le 3 octobre par le Consortium international des journalistes d'investigation – ont permis de révéler que DSK a créé en 2018 une autre société aux Emirats arabes unis, où la juridiction en matière fiscale est «encore plus opaque».
DSK accuse les équipes de Cash investigation de «méchanceté»
«Cash investigation, quand la méchanceté devient mensonge. Vos équipes de professionnels auraient pu vérifier que je suis résident fiscal marocain depuis 2013 et que j'y paye mes impôts à hauteur de 23,8 % de mes bénéfices, soit 812 000 euros pour les années 2018, 2019 et 2020», a commenté le 4 octobre le principal concerné sur Twitter.
#cashinvestigation
— DSK (@dstrausskahn) October 4, 2021
Quand la méchanceté devient mensonge. Vos équipes de professionnels auraient pu vérifier que je suis résident fiscal marocain depuis 2013 et que j'y paye mes impôts à hauteur de 23,8 % de mes bénéfices, soit 812.000 euros pour les années 2018, 2019 et 2020.
Dans l'article annonçant le prochain numéro de Cash investigation consacré à DSK, on apprend par ailleurs que l'ancien ministre français aurait participé à l'élaboration du cadre juridique de la Casablanca Finance City. «Selon un document jamais révélé, il aurait été rémunéré 2,4 millions d'euros pour cette mission entre 2012 et 2013. Cette oasis fiscale qu'il a contribué à édifier n'a pas plu à l'Union européenne, et le Maroc a été placé sur la liste grise des paradis fiscaux pendant quatre ans», peut-on en effet lire sur le site de France info.