Trump-Maduro : des annonces qui mettent à mal la stratégie jusque-là revendiquée par Washington
En dépit des multiples mesures punitives décrétées par Washington à l'encontre du Venezuela dans le but revendiqué de faire chavirer l'actuel président élu, celui-ci ne ferme pas la porte à une potentielle rencontre avec Donald Trump. Explications.
En réaction aux récentes insinuations du président américain Donald Trump quant à une potentielle rencontre avec son homologue vénézuélien, celui-ci affirme ne pas rejeter cette éventualité. «Si nécessaire, je suis prêt à discuter respectueusement avec le président Donald Trump», a déclaré Nicolas Maduro le 22 juin auprès de l'agence de presse vénézuélienne AVN. «De même que j'ai parlé avec [Joe] Biden, je pourrais parler avec Trump», a-t-il ajouté en référence à une rencontre passée avec l'actuel candidat démocrate à la Maison Blanche lorsque celui-ci était vice-président des Etats-Unis, sous Barack Obama.
Fait notable : soutenant Juan Guaido qui s'est autoproclamé président par intérim du Venezuela au mois de janvier 2019, l'administration américaine ne reconnaît pour l'heure aucune légitimité à Nicolas Maduro en tant que chef de l'Etat, malgré son élection le 20 mai 2018.
Révélés la veille par voie de presse, les propos de l'actuel locataire de la Maison blanche permettaient de suggérer l'éventuelle organisation d'une future rencontre avec le président élu, selon certaines conditions.
Je ne rencontrerais Maduro que pour discuter d'une chose : un départ pacifique du pouvoir
«Maduro voudrait qu'on se rencontre. Et je ne suis jamais opposé aux rencontres, vous savez, je me suis rarement opposé à des rencontres [...] On ne perd pas grand-chose à se rencontrer, mais pour le moment j'ai décliné», avait déclaré Donald Trump lors d'un entretien publié le 21 juin sur le site d'information Axios. «Mon administration a toujours été du côté de la liberté et contre le régime d'oppression de Maduro. Je ne rencontrerais Maduro que pour discuter d'une chose : un départ pacifique du pouvoir», avait plus tard écrit Donald Trump sur le réseau social Twitter, affirmant vouloir «se battre contre le socialisme», «avec le peuple vénézuélien».
En outre, ces pistes de dialogue s'ébauchent alors que le président américain semble faire preuve d'un enthousiasme pour le moins modéré concernant Juan Guaido, bien que celui-ci bénéficie actuellement de l'appui de l'administration américaine. La reconnaissance de la légitimité de Juan Guaido par Washington n'a pas «eu une grande signification, d'une façon ou d'une autre», a même admis Donald Trump auprès d'Axios, corroborant ainsi les révélations divulguées dans le livre de l'ex-conseiller à la sécurité nationale des Etats-Unis John Bolton, paru ce 23 juin, selon lesquelles Donald Trump n’aurait jamais apprécié Juan Guaido, «un homme faible à la différence de Maduro».
L'attitude de Donald Trump vis-à-vis de celui qui était jusqu'alors le protégé de Washington pourrait bien donner du fil à retordre au sein de l'administration américaine qui s'est souvent montrée favorable aux initiatives portées par Juan Guaido afin de renverser le gouvernement vénézuélien.
Caracas dans le viseur de Washington
Embargo sur le pétrole du Venezuela, gel des avoirs du gouvernement chaviste sur le sol des Etats-Unis, sanctions visant des entités proches de Caracas, soutien à des tentatives de soulèvement militaire, mise à prix de la tête du président élu... De façon générale, Washington ne lésine pas sur les moyens de pression pouvant participer au renversement de Nicolas Maduro, dans un pays qui dispose de réserves pétrolières parmi les plus importantes du monde. Et de fait, si elle affiche régulièrement son attachement à une «transition démocratique» au Venezuela, l'administration américaine a déjà fait part de ses ambitions en termes d'exploitation minière sur le sol vénézuélien.
«Cela fera une grande différence économiquement pour les Etats-Unis si nous pouvions avoir des compagnies pétrolières américaines qui produisent et investissent dans les capacités pétrolières du Venezuela», déclarait par exemple en janvier 2019 John Bolton, alors en poste à la sécurité nationale.
Fabien Rives