Raid meurtrier au Yémen : les responsables ne savent pas utiliser les armes américaines, selon Trump
Près de trois mois après une frappe aérienne meurtrière menée par la coalition saoudienne dans le nord du Yémen, Donald Trump a été interrogé sur l'origine américaine de la bombe utilisée. Selon lui, Washington n'est pas responsable du massacre.
Lors d'un entretien accordé le 4 novembre au site d'information américain Axios, Donald Trump a entre autres été amené à s'exprimer sur la guerre au Yémen.
Interrogé sur la politique étrangère américaine dans le cadre de ce conflit, le locataire de la Maison Blanche est notamment revenu sur des frappes aériennes menées le 9 août 2018 par la coalition menée par l'Arabie saoudite et qui ont causé la mort de 40 enfants. «C'est un spectacle horrifiant» a-t-il concédé.
Ce n'était pas une opération menée par l'armée américaine mais...
Relancé par le journaliste d'Axios sur les armes américaines ayant servi dans le cadre de cette opération meurtrière, Donald Trump s'est montré catégorique : «Ce n'était pas une opération menée par l'armée américaine [...] Notre armée est la meilleure du monde [...] Au fond, ce sont les gens qui ont utilisé ces armes qui ne savaient pas s'en servir, c'est horrible», a notamment estimé le président américain.
Une semaine après cette frappe menée par la coalition saoudienne dans le nord du Yémen, des experts en munitions révélaient publiquement que la bombe utilisée le 9 août 2018 était de fabrication américaine. Celle-ci avait été vendue dans le cadre d'un accord avec le royaume wahhabite, approuvé par le département d'Etat américain.
Loin d'être un cas isolé, la provenance américaine des armes constituant l'arsenal saoudien est un phénomène d'ampleur. Dans le cadre d'un fructueux partenariat commercial, Washington annonçait en mai 2017 un contrat d'armement avec Riyad à hauteur de 350 milliards de dollars sur plus de dix ans. Un premier versement saoudien de 110 milliards de dollars était ainsi réalisé le 20 mai 2017, la Maison Blanche justifiant cet accord dans le cadre du renforcement de la Défense saoudienne face à la menace iranienne.
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De tels contrats d'armement entre les Etats-Unis et l'Arabie saoudite n'ont pas empêché Washington, le 30 octobre dernier, de commenter la situation humanitaire au Yémen. En effet, Jim Mattis, secrétaire américain à la Défense, a affirmé souhaiter l'arrêt des frappes aériennes de la coalition saoudienne (tout en ayant appelé au préalable les Houtis à faire le premier pas, en se retirant de la frontière).
#Yémen : les bombardements de la coalition menée par #Riyad 🇸🇦 s'intensifient à #Hodeida
— RT France (@RTenfrancais) 4 novembre 2018
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Yémen : la pire crise humanitaire au monde
Depuis 2015, le Yémen est le théâtre d'une guerre opposant les rebelles chiites houthis, qui contrôlent le port de Hodeida ainsi que la capitale yéménite Sanaa, à une coalition arabe sous commandement saoudien qui défend le gouvernement réfugié à Aden, dans le sud du pays et qui bombarde régulièrement le pays.
En plus de trois ans, le conflit a fait des dizaines de milliers de morts et est à l'origine de la pire crise humanitaire au monde selon l'ONU.
Selon les données des Nations unies, le bilan était de 10 000 morts en août 2016, un chiffre probablement très largement dépassé aujourd'hui.
Fabien Rives
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