Lavrov sur les «preuves» basées sur les réseaux sociaux : «Nous devons être un peu plus sérieux»
Dans un entretien à la BBC, le chef de la diplomatie russe est longuement revenu sur l'actualité autour de la Syrie. Il a notamment dénoncé le timing de la frappe occidentale, l'enquête de l'OIAC et la détérioration des relations avec l'Ouest.
Dans un entretien à la BBC le 16 avril, le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov a balayé les accusations des Etats-Unis selon lesquelles la Russie aurait «altéré» le site de l'attaque chimique présumée de Douma, en Syrie.
La Russie n'a pas altéré le site de l'attaque présumée
Assurant qu'il pouvait «garantir» que les enquêteurs russes présents sur place n'avaient pas touché au site, il a pointé du doigt le timing des frappes occidentales contre le gouvernement syrien, menées alors que des experts internationaux s'apprêtaient à mener l'enquête sur le terrain.
«Preuves» basées sur les médias et les réseaux sociaux : «Nous devons être un peu plus sérieux»
«Au moment où l'Organisation pour l'interdiction des armes chimiques [l'OIAC, un organisme neutre lié à l'ONU] était physiquement prête à quitter le Liban pour la Syrie, ils [les Etats-Unis, la France et le Royaume-Uni] ont mené ces frappes aériennes», a souligné Sergueï Lavrov.
Le chef de la diplomatie russe a ensuite pointé du doigt le manque de preuves sérieuses avancées par les Occidentaux pour justifier l'utilisation présumée d'armes chimiques par Damas. «Vous avez cité les dirigeants de la France, du Royaume-Uni et des Etats-Unis. Et pour parler franchement, les seules preuves qu'ils avancent sont basées sur des comptes-rendus des médias et sur les réseaux sociaux», a-t-il lancé au journaliste de la BBC. Il a ensuite estimé : «Nous devons être un peu plus sérieux. Pouvez-vous m'expliquer pourquoi les frappes se sont produites un jour avant que l'OIAC n'arrive sur place pour enquêter sur l'attaque chimique présumée ?»
Des relations «pires qu'à l'époque de la guerre froide»
Evoquant les relations de Moscou avec Washington, qu'il a qualifié de «pires qu'à l'époque de la guerre froide», Sergueï Lavrov a déploré «le comportement très inopportun de [ses] collègues occidentaux, qui accusent le gouvernement syrien et [la Russie] comme alliée du gouvernement syrien, d'utiliser des armes chimiques [en Syrie] contre des civils sans attendre que l'OIAC inspecte l'endroit».
Deux tiers des missiles interceptés
«Au fond, nous perdons les derniers restes de la confiance que nous avions en nos amis occidentaux», a encore déclaré Sergueï Lavrov au sujet des frappes du 14 avril, ajoutant : «Nous avons attendus que ces super-missiles plus intelligents [en référence à la formulation utilisée par Donald Trump sur Twitter] soient utilisés pour l'attaque. Nous avons calculé que deux tiers d'entre eux n'avaient pas atteint leur cible parce qu'ils avaient été interceptés.»
La «ligne rouge» occidentale : un signal pour les extrémistes
Le ministre russe a ensuite abordé la «ligne rouge» fixée par les Occidentaux : «Quand [...] les trois pays occidentaux qui mènent cette folle campagne ont dit "Si Assad utilise l'arme chimique, nous utiliserons la force", je crois que c'était un signal pour les méchants, y compris les Casques blancs, d'orchestrer une provocation.»
#LeDrian: «Si d’aventure la ligne rouge était à nouveau franchie, il y aurait à nouveau des frappes»
— RT France (@RTenfrancais) 14 avril 2018
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«Après ces frappes du 14 avril, ils disent : "Si cela arrive encore, nous utiliserons à nouveau la force." C'est encore une invitation à l'opposition, aux extrémistes de se battre, ce qu'ils ont déjà fait. Ils ont essayé de prendre Damas immédiatement après les frappes.»