Revirements à Washington : l'option militaire et le départ d'Assad de nouveau à l'ordre du jour
En sept jours, Donald Trump a opéré un revirement à 180 degrés sur la question d'un départ de Bachar el-Assad. Alors que la France commençait à se ranger à l'idée d'un maintien du président syrien. Suivra-t-elle de nouveau Washington ?
Le Pentagone et la Maison Blanche auraient entamé ce 6 avril l'analyse des différentes hypothèses militaires s'offrant à Washington pour une éventuelle intervention armée en Syrie, selon une source officielle américaine citée par l'agence Reuters.
A bord d'Air Force One, son avion présidentiel, le président américain a déclaré à des journalistes que quelque chose devait être fait concernant Bachar el-Assad, sans préciser si le départ de ce dernier faisait partie de ses exigences. «Ce qu'il a fait est terrible», a-t-il ajouté.
Le secrétaire à la Défense, Jim Mattis, aurait d'ores et déjà planifié une rencontre avec le président Donald Trump dans sa résidence présidentielle à Mar-a-Lago, en Floride, afin d'évoquer la question. Il aurait déjà discuté de ce sujet avec le général McMaster, nouveau chef du Conseil national de sécurité (CNS) depuis l'éviction de Steeve Bannon.
L'option militaire réactivée au sommet de l'Etat américain
Par ailleurs, le secrétaire d'Etat Rex Tillerson, a promis une «réponse appropriée» à l'attaque chimique présumée en Syrie. «Un effort international est nécessaire pour destituer Bachar el-Assad», a-t-il déclaré, tout en précisant : «L'éradication de l'Etat islamique reste prioritaire.» Il a, par ailleurs estimé que Bachar el-Assad n'avait «aucun rôle à jouer» dans l'avenir en Syrie, laissant donc entendre qu'un départ de celui-ci était à l'ordre du jour.
Au même moment, un source proche des services de renseignement américains affirmait à l'agence Reuters que ses services soupçonnaient Bachar el-Assad de «détenir des armes chimiques ou des composants dont il avait pourtant accepté de se débarrasser lors de la signature de l'accord russo-américain de 2013».
L'ambassadeur des Etats-Unis avait déjà déclaré, lors de la réunion du Conseil de sécurité de l'ONU, que si aucune mesure de rétorsion n'était prise contre la Syrie suite à l'attaque chimique présumée du 4 avril, ils se réservaient le droit d'agir par eux-mêmes. Lors d'une conférence de presse le 5 avril à la Maison Blanche, Donald Trump avait qualifié l'attaque chimique présumée d'«acte odieux» et d'«affront à l'humanité», confiant par ailleurs que son «attitude vis-à-vis de Bachar el-Assad [avait] changé».
Des revirements rapides de la diplomatie occidentale sur le cas Assad
Le 30 mars dernier, l'ambassadrice américaine à l'ONU, Nikki Haley, avait affirmé que Washington ne considérait plus le départ du président syrien Bachar al-Assad comme une priorité, rompant avec des exigences maintenues pendant près de cinq années sous l'administration Obama.
A la suite de ces déclarations, d'autres Etats avaient emboîté le pas des Etats-Unis. Jean-Marc Ayrault avait lui aussi fait volte-face : après avoir longtemps fait du départ du président syrien une condition sine qua non de toute discussion, le président français a finalement estimé, à la suite du revirement diplomatique américain à la fin du mois de mars, qu'il «ne [fallait] plus se focaliser sur le départ d'Assad».
Après ce nouveau rebondissement, la diplomatie française changera-t-elle une fois de plus son fusil d'épaule pour se maintenir dans le sillage de ce qui semble être la nouvelle position de Washington ? A quelques jours de l'élection présidentielle, il est fort probable que la décision incombe à son successeur plutôt qu'à François Hollande.