Eurovision 2025 : Israël finit deuxième, le système de vote sous le feu des critiques

La chanteuse israélienne Yuval Raphael a terminé deuxième de l’Eurovision 2025 grâce à un score écrasant du public, malgré la guerre en cours à Gaza et les critiques internationales. Plusieurs diffuseurs européens, dont ceux de l’Espagne, de la Belgique et de l’Irlande, demandent désormais une enquête sur le système de vote.
Lors de la finale de l’Eurovision 2025, tenue le 17 mai à Bâle, la représentante israélienne Yuval Raphael a obtenu 297 points du public, ce qui l’a hissée à la deuxième place du concours. Un résultat qui suscite une vague de protestations dans de nombreux pays européens, alors même qu’Israël mène depuis 19 mois une guerre à Gaza, causant des dizaines de milliers de morts.
En Espagne, la télévision publique RTVE a été la première à exprimer ses doutes. Malgré une absence totale de points accordés par le jury professionnel espagnol, le public du pays a offert la note maximale de 12 points à Israël. « Nous n’avons pas d’indice que le comptage des points n’a pas été correctement mené. Nous demandons toutefois toute la transparence à l’UER », a déclaré la RTVE. Un audit du vote a été réclamé, et le Premier ministre espagnol Pedro Sanchez a appelé à l’exclusion d’Israël du concours, affirmant qu’« il ne peut pas y avoir de double standard, même dans la culture ».
Un système de vote sous pression
Le même scénario s’est répété en Belgique. Le média flamand VRT a attribué 12 points à Israël via le vote du public, alors que son jury professionnel n’en a attribué aucun. Pour la députée flamande Katia Segers, « un système où chacun peut voter jusqu’à 20 fois est un système qui encourage la manipulation » comme l’a rapporté la RTBF le 20 mai. Le parti Vooruit, appuyé par le Parti socialiste, réclame une enquête indépendante sur d’éventuelles irrégularités.
L’Irlande, la Finlande et l’Islande ont également fait part de préoccupations similaires. Les diffuseurs de ces pays exigent un examen complet du système de télévoting, géré par la société allemande Once. Ce système permet aux téléspectateurs de voter jusqu’à 20 fois par moyen de paiement, ouvrant la porte à des abus organisés à grande échelle, notamment par des campagnes en ligne.
Une participation controversée sur fond de guerre
La polémique s’aggrave avec la révélation d’une promotion massive orchestrée par Israël. Eurovision Spotlight a documenté une campagne numérique utilisant les réseaux officiels de l’État pour mobiliser le vote en faveur de Yuval Raphael, avec des clips multilingues diffusés sur YouTube, vus plus de huit millions de fois. Ces pratiques, bien qu’autorisées, contreviennent à l’esprit prétendument « apolitique » du concours.
Face aux critiques, l’Union européenne de radio-télévision (UER) défend son système. Martin Green, directeur du concours, a assuré à la BBC que « les résultats sont soigneusement contrôlés dans chaque pays afin d’écarter toute irrégularité » et que « les votes ont été validés par un organisme indépendant ».
Malgré cette défense, les appels à une réforme se multiplient. Pour de nombreux observateurs, l’Eurovision ne peut continuer à accueillir Israël sans remettre en question sa propre crédibilité, d’autant plus que des pays comme la Russie restent exclus. Une incohérence dénoncée dans plusieurs capitales.