L'OTAN va lancer une nouvelle «mission» pour l'Ukraine, selon le ministre polonais des Affaires étrangères
Le ministre polonais des Affaires étrangères Radoslaw Sikorski a déclaré ce 4 avril que l’OTAN allait lancer une nouvelle initiative afin de permettre à l’Alliance de soutenir Kiev de «manière plus coordonnée». Plus tôt dans la journée, le Kremlin avait qualifié l'organisation d'«instrument de confrontation».
Les ministres des Affaires étrangères de l’OTAN, réunis ce 4 avril au siège de l'organisation à Bruxelles, se sont entendus pour créer une mission conjointe afin d'élargir le soutien à Kiev de l’Alliance, a annoncé le ministre polonais Radoslaw Sikorski.
S’adressant à la presse à l'issue d'une réunion commémorative du 75e anniversaire de l'OTAN, le chef de la diplomatie polonaise a déclaré que le bloc avait décidé de créer une nouvelle «mission». Les modalités restent néanmoins encore floues.
«Cela ne signifie pas que nous allons en guerre», a-t-il néanmoins plaidé, «mais cela signifie que nous pourrons désormais utiliser les capacités de coordination, d’entraînement et de planification de l’OTAN pour soutenir l’Ukraine de manière plus coordonnée».
Dans le cadre de la nouvelle initiative, les troupes ukrainiennes seraient entraînées plus activement en Pologne, a précisé Radoslaw Sikorski. Selon lui, cette opération ne serait pas «conflictuelle pour Moscou».
💬 Podjęliśmy decyzję o ustanowieniu misji natowskiej. To nie znaczy, że wchodzimy do wojny, ale że będziemy teraz mogli wykorzystać koordynacyjne, szkoleniowe, planistyczne zdolności Sojuszu do wspierania 🇺🇦 w bardziej skoordynowany sposób.
— Ministerstwo Spraw Zagranicznych RP 🇵🇱 (@MSZ_RP) April 4, 2024
| Min. @sikorskiradek dla 🇵🇱 mediów pic.twitter.com/hNTmyoFxSE
L'OTAN déclare soutenir l'Ukraine «pour longtemps»...
Ces déclarations interviennent alors que l'armée ukrainienne est en difficulté sur le front, que l'aide occidentale peine à arriver et que des désaccords sont apparus entre les alliés de Kiev, à la suite du refus d’Emmanuel Macron d’écarter un envoi de troupes occidentales en Ukraine. Le président français a été désavoué par l’écrasante majorité des dirigeants européens, mais aussi par Washington et par l’OTAN, qui ont écarté une telle option.
Le secrétaire général de l’organisation, Jens Stoltenberg, s’était quant à lui montré beaucoup plus évasif la veille, déclarant que les alliés avaient «convenu d’avancer dans la planification d’un rôle accru de l’OTAN dans la coordination de l’assistance à la sécurité et de la formation».
«Les détails prendront forme dans les semaines à venir, mais ne vous y trompez pas : l’Ukraine peut compter sur le soutien de l’OTAN maintenant et pour longtemps», a-t-il ajouté.
... mais Kouleba se dit «fatigué de devoir toujours convaincre»
Reste que le chef de la diplomatie ukrainienne Dmytro Kouleba s’est quant à lui dit «fatigué de devoir toujours convaincre» ses alliés de la nécessité de prendre des «décisions rapides, concrètes et fortes» pour soutenir son pays, au cours d'une intervention par visioconférence lors d'une conférence organisée par l’Institut français des relations internationales (Ifri).
«À l'OTAN, je n'ai eu qu'un sujet de discussion : les Patriot», a-t-il encore déclaré. Kiev dit en avoir cruellement besoin pour contrer les frappes russes. «Mes collègues me soutiennent mais ils me disent : c'est compliqué ce que tu demandes», a poursuivi le ministre ukrainien. Avant d’ajouter : «Je suis persuadé que s'ils avaient passé une nuit à Kharkiv, ils ne diraient pas que c'est compliqué.»
Le Secrétaire d'Etat américain Antony Blinken a toutefois déclaré «l'Ukraine deviendra membre de l'OTAN». «Notre objectif lors de ce sommet est d'aider à construire un pont vers cette adhésion et de tracer la voie permettant à l'Ukraine d'avancer dans cette direction», a-t-il ajouté.
L'OTAN, un outil de confrontation, selon Moscou
Plus tôt dans la journée, le porte-parole du Kremlin Dmitri Peskov avait fustigé devant la presse une organisation «conçue comme une alliance, configurée, créée et gouvernée par les États-Unis d'Amérique comme un instrument de confrontation principalement sur le continent européen». Moscou dénonce depuis des années l’expansion de l’OTAN vers ses frontières, la perspective de l’adhésion de l’Ukraine à l’Alliance ayant été l’une des raisons de son offensive en février 2022.