Dédollarisation de l’économie mondiale : «Le processus est lancé, il est inarrêtable», assure Lavrov
Lors d'une conférence de presse ce 16 novembre, les chefs des diplomaties russe et vénézuélienne ont évoqué le renforcement de la coopération économique et financière entre Moscou et Caracas. Une coopération que les deux diplomates veulent inscrire dans une dynamique d’affranchissement des «diktats» des Occidentaux.
«Bientôt, dans le cadre de notre architecture financière commune, nous allons avancer dans ce qui est appelé la dédollarisation», a déclaré ce 16 novembre le ministre des Relations extérieures de la République bolivarienne du Venezuela, Ivan Gil, lors d’une conférence de presse à Moscou avec son homologue russe Sergueï Lavrov.
«Nous espérons procéder à l’utilisation des devises nationales dans nos paiements, dans le cadre des BRICS je pense que cela sera utile», a ajouté le ministre vénézuélien, dont le pays a candidaté à l’organisation régionale pour l’heure constituée du Brésil, de la Russie, de l’Inde, de la Chine et de l’Afrique du Sud. Une aspiration à laquelle Lavrov a rappelé le soutien de la Russie, qui doit assurer la présidente tournante des BRICS en 2024.
Un «aspect» de la coopération russo-vénézuélienne «destiné à protéger nos liens économiques face aux diktats des Etats-Unis et de leurs satellites», a précisé le ministre russe, promettant d'élargir davantage le recours au système de paiement Mir.
«Le processus est lancé, il est inarrêtable, on l’appelle la dédollarisation» s’est félicité Lavrov, rappelant que l’introduction de tels systèmes, alternatifs à SWIFT, figure à l’agenda des BRICS et que le recours aux monnaies nationales dans les échanges commerciaux est plébiscité par de plus en plus de pays.
Mir : les cartes bancaires russes de plus en plus présentes au Venezuela
L’un des aspects du renforcement de cette coopération économique et financière est le développement au Venezuela du système russe de paiement bancaire «Mir». «Aujourd’hui, la plateforme Mir permet d’effectuer des paiements sur tout le territoire du Venezuela», a assuré Ivan Gil. Selon lui, «environ 36% des terminaux de paiements peuvent opérer avec des cartes Mir».
Ce système de paiement a été développé par la Banque centrale de Russie comme une alternative nationale à Visa et Mastercard après la première série de sanctions imposées à Moscou en 2014.
Des sanctions occidentales qui figuraient en bonne place dans les discussions entre les deux diplomates. «Nos deux pays sont victimes des sanctions» occidentales, a souligné Ivan Gil, fustigeant «des restrictions unilatérales injustes qui visent à saper notre souveraineté».
Sanctions, unilatérales, qui aux yeux de Moscou sont «pour beaucoup» dans les déboires économiques du Venezuela, avait déclaré plus tôt Sergueï Lavrov dans son propos liminaire. Ce dernier a par ailleurs qualifié d’«inadmissible du point de vue du droit international» le gel d’actifs vénézuéliens à l’étranger.
Admettant que «cela prendra du temps», le porte-parole de la présidence russe avait déclaré début août que la dédollarisation de l’économie mondiale «avance de manière irréversible». Des propos qui faisaient échos à l'appel du président brésilien Lula da Silva d'abandonner le dollar dans les échanges commerciaux mondiaux et de créer des alternatives à la monnaie américaine, notamment pour les transactions entre les membres des BRICS.